Alpes de Haute Provence : Rando’ dans les gorges d’Oppédette.
Cette photo est de Frédéric .D ( Empruntée au Net )
Précision : La randonnée des gorges est à différencier de celle du canyon, laquelle chemine tout en son long à même le cours du Calavon et qui ne peut se faire qu’à distance de toute pluie et à fortiori par risque d’orage. En effet certains passages ne laissent aucun échappatoire possible en cas d’une violente montée des eaux.
*** A cause d'un contretemps m’ayant empêché d’en faire une reconnaissance pré-rando, nous partons aujourd’hui un peu à l’aventure quant au choix des variantes que proposent les topos-guides. Bien qu’antérieurement j’en ai parcouru par de nombreuses fois les différents sentiers, il me manque précisément cette évaluation personnelle qui prévaut sur toute autre indication : A savoir le niveau de la rivière aux passages étroits et à celui des marmites. Pour preuve, le site internet indiquait ce matin les gués du canyon praticables ….. en ayant toutefois oublié de préciser, mais nous le saurons plus tard, que c’était en barque !
Le Calavon ( Fluvio Causalone ) devient le Coulon dans sa fin de course :
Historique sommaire.
Le Calavon ( Fluvio Causalone ) prend sa source sur les contreforts de la montagne de Lure près du village de Banon, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Long de 88 kilomètres, le Calavon, puis le Coulon, est un affluent de la Durance dans laquelle il se jette à Caumont, non loin de Cavaillon, entre les Monts de Vaucluse et le Luberon. Le Calavon arrose sur son passage les villages d'Apt ou encore de Bonnieux. Longeant la Via Domitia, il en franchit le passage sous le fameux Pont JulienPont.
Le Pont St Julien.
L’une des particularités du Calavon, outre celle de sa montée des eaux parfois fulgurante, est de changer de nom en arrivant dans le Comtat Venaissin et plus précisément aux Beaumettes pour s’appeler le Coulon. C'est à cet endroit que se situait dans l’Antiquité la limite entre les territoires des peuples gaulois des Albiques occupant les montagnes d’Apt et celle des Cavares dans la plaine de Cavaillon. Chacun de ces peuples utilisant un vocabulaire aux racines différentes, en explique sans doute ses deux appellations.
Photo de Jean.Marc Rosier.
________________________________
À partir d’Apt, l’approche en voiture se fait par la route des Alpes, en direction de Forcalquier. Quelques kilomètres après avoir passé La Bégude, sur la gauche, un panneau indique la direction de Viens puis du site d’Oppédette et de son canyon.
Arrivé à l’entrée du parking du Belvédère, l’une des deux aires de départ allouées aux randonneurs, le rassemblement des voitures marque une absente. Visiblement nous avons largué celle du ‘’Parisien’’. Sa rutilante Mercédès des années 80 a subitement disparue du radar de nos rétroviseurs. Marielle qui manie de main de standardiste son téléphone portable appelle l’heureux propriétaire de l’Allemande qui lui fait part….. d’un changement de filtre sur sa bagnole !
_ Ne t’inquiète pas lui dit-il, il ne s’agit pas d’une panne !
L’explication de l’arrêt trouve écho dans un comportement pour le moins original qui est de faire rouler sa voiture à l’huile de friture de récupération ! Véridique, d’ailleurs pour nos déplacements en groupe, il est gentiment prié de prendre position en fin de convoi à cause des odeurs de baraque à frites que dégage son véhicule. L’inconvénient de cette pratique, qui d’après Michel se veut à la fois écolo et peu dispendieuse, se trouve à devoir changer le filtre à ‘’gasoil’’ tous les cents kilomètres tellement il s’encrasse……. de miettes de pommes de terre !.
Me voyant trépigner d’impatience à entendre des explications se voulant convaincantes sur le bienfondé d’un tel choix, comme si tout le monde roulait à l’huile de friture, pour en rajouter encore une couche et justifier pour partie de son retard, le voilà parti dans un discours de convenance à propos de cyclistes qu’il n’a pas voulu doubler dans la côte pour ne pas les mettre en danger. Il est vrai que la route est particulièrement étroite par endroits....mais pour moi, la raison est ailleurs.
_ Sacré Michel, mon œil ! Je pense plutôt que tu redoutais de te faire houspiller à cause du parfum que ventile ton carrosse et dont les effluves allaient mettre à mal ce qui leur restait de souffle, alors que la côte les époumonait déjà !
_______________________________
Les Galéjaïres au complet sont enfin prêts à tenter le circuit par le sentier du canyon, ce qui par ailleurs avait été convenu comme préalable. Il s’agissait là d’une volonté affichée de ma part et partagée par l’ensemble du groupe. En partant de notre parking, bien que les topos-guides préconisent l’inverse, à savoir descendre par le sentier du Belvédère ou commencer par celui démarrant au nord du village, nous partons en direction du sud vers le pont du Grand Valat. Je sais qu’en prenant cette option nous n’aurons pas à rebrousser longtemps notre chemin si toutefois l’eau du Calavon est trop haute et de plus nous serons épargnés, au cas où, et contrairement au départ de l’observatoire, de la très rude remontée permettant de récupérer le plateau.
L’itinéraire longe le sommet de la falaise. Le lit profond de la rivière se devine sans pour autant pouvoir en apprécier son débit. Des lapiaz ou lapiès* en empierrent le sol de blocs semblant être tombés du ciel pour venir y dessiner des puzzles géants. La marche sur ce type de terrain demande beaucoup d’attention….les têtes en l’air en savent quelques choses !
Cinquante minutes pour atteindre le niveau du parking du Grand Valat, dont une partie de ce temps à choisir son caillou pour une progression hasardeuse, en sautillant comme le font les enfants jouant à la marelle.
La carte indique, bien que nous ayons eu à en chercher le couloir, la possibilité de descendre dans le lit du Calavon. Le passage sous le pont franchi, ouvre la vue sur la fin du canyon ( pris dans ce sens nous en remontons le défilé. ) À peine enfoncé de quelques centaines de mètres le doute quant à pouvoir continuer s’installe. Rapidement l’impératif de faire demi-tour devient une évidence. Un groupe parti devant nous renforcera notre décision. Il vient de renoncer : Trop d’eau.
Comme envisagé au départ, l’itinéraire bis est pris à la sortie sud du pont. À seulement quelques mètres de là, le sentier des cimes se présente comme la solution de rechange. Le circuit est tracé entre une végétation de chênes verts, de chênes blancs et de genévriers. Le démarrage se faisant au niveau du lit du Calavon, il s’élève par de longs faux-plats, qui plus tard permettront d’atteindre le plateau. Les abords y sont splendides. Le regard, outre celui pouvant suivre les méandres du canyon, porte au loin jusqu’à en deviner la montagne de Lure, puis celle des grandes Alpes. Au sol, les traces de nombreuses charbonnières, dont les dernières remontent au début du siècle dernier, laissent imaginer le territoire grouillant de l’activités de ces hommes souvent venus d’Italie pour y transformer le bois en charbon. Le sommet de la falaise, celle que nous longions deux heures auparavant nous fait à présent face.
Malgré le plaisir pris à en dominer les paysages restés verdoyants pour la saison, j’en étais encore à préférer le circuit du bas pour son climat aventure et par endroits limites à une via ferrata. Je le trouve plus attrayant, certains de ses passages me rappelant à ma passion pour l’escalade. Tout ça pour dire que je n’avais pas définitivement renoncé à vouloir descendre dans le canyon et le passage près de l’échelle vint comme par hasard m’en raviver l’envie. Après la concertation d’usage avec les membres du groupe, l’option de bifurquer vers le bas pour un changement de cap va venir compenser ce qui était jusqu’alors, une partie de ma frustration.
IL y a, à cet endroit précis, deux options possibles pour rejoindre nos voitures. L’une consiste à garder le sentier qui continue en crête vers le nord, traverser le village d’Oppédette, prendre en direction du cimetière pour rejoindre le belvédère.
Le sentier des crêtes se devine dand le fond.
L’autre, celle que nous choisirons, emprunte l’ouvrage métallique pour s’enfoncer dans une grotte débouchant dans un goulet qui conduit au canyon. La descente dans la passe est très rapide. Sa désescalade demande beaucoup d’attention.
Descendre......au fond du trou !
Chacun, à son pas et à l’application de son adresse pour ce type d’exercice, en traverse les endroits difficiles. Nous arrivons à même le lit du Calavon, à quelques dizaines de mètres de l’entrée nord du début de ses gorges. En surface son débit est faible, l’essentiel de son eau disparaissant là par infiltration, nous permet de pouvoir en franchir le gué sans même se mouiller les pieds.
. C’est bon. L’équipe au complet est à présent au fond du trou......, mais contrairement à la représentation de ce que l’on s’en fait habituellement, l’expression se veut ici préciser un moment heureux. Il fait chaud. L’heure habituelle du pique nique est en adéquation avec un lieu qui offre de quoi s’assoir et se protéger du soleil. Bien que j'en entende encore quelques résonances, les quelques obstacles ayant passagèrement posé problème aux uns et aux autres sont à présent passés sous silence. Elles se tairont définitivement dés que le punch de Michel viendra, de ses arômes exotiques, caresser les ailes de leurs renifleurs. Dans cet exercice, le suivre dans sa distribution n’agresse pas les narines. Contrairement aux relents de sa voiture, pour Michel, cet élixir redonne de la brillance à son blason !
Les Michel's trinquent........à l'élexir
Le retour aux voitures se fait par un sentier qui entraîne le souffle à devenir court. Des chuchotis laissent entendre quelques plaintes au sujet de la raideur de la pente. Les mains courantes, les câbles viennent au secours de celles et des ceusss qui craignent le vertige. Soun agalamen precious per l'ajudo que nous adurron dins l'oufri de tira désus in toute segurita*.
Comme un phare qui remettrait dans la bonne direction le randonneur égaré, le promontoire sur lequel est perché le Belvédère s’aperçoit au dessus de nos têtes. Dans la file, devinant l’arrivée toute proche, le benjamin de l’équipe s’est placé de telle sorte à avaler les dernières rampes en position de leader. Eparpillés dans la végétation, en lignes dispersées, les Galéjaïres rendus muets un temps par les efforts, foulent enfin le sol plat du parking.
Cette perception d’aisance d’une allure redevenue fluide restera pour cette journée, le signe mettant un terme à notre virée sportive. Quelques minutes plus tard, délesté de leur sac à dos, chacun des membres du groupe s’engage alors pour une dernière étape dont l’objectif commun sera le................ .
Cette Photo est de Frédéric .D ( Empruntée au Net )
Oppédette, à quelques dizaines de mètres du parking est un petit village de 70 habitants. Il est situé un peu à l'écart de la route des Alpes passant par Simiane la Rotonde, Saint Etienne les Orgues pour plus loin rejoindre Gap. À en voir l’un de ces monuments aux caractères particuliers, il parait avoir abrité, peut être, sans doute….. quelqu’un d’illustre.
En effet, et sans pour autant chercher en faire un répertoire, sur le sentier du retour, une tombe occupant un emplacement d’un vieux cimetière attire mon attention. Le monument, ressemblant par quelques aspects à celui de…… Napoléon, peut laisser croire qu’il y loge là une personne de renom.
Un monument en valant un autre............voici celui à la mémoire de...?
* Ils sont également précieux pour l’aide qu’ils nous apportent dans l’offre de traction sur laquelle nous pouvons tirer en toute sécurité.
** Les passages colorisés sont inspirés d'informations tirées du Net.
_________________________________________
.
Randonnée dans les gorges de la Carança
Une vue de Thués Entre Valls
L’accès que nous avons choisi, se fait à partir du village de Thuès-entre-Valls, Valls signifiant vallée en langue cerdane. Dés la sortie du parking, deux solutions s’offrent à nous. Nous prenons sur la gauche un layon très étroit coincé entre le torrent Carança, affluent de La Têt et une falaise de laquelle dégouline par myriades les gouttelettes d’une eau glacée. Il présente dans ses débuts, la particularité d’être construit à partir de rondins de bois plantés à espaces réguliers. Plus loin, un sentier au sol fortement caillouteux avale la pente à un pourcentage qui nous fait timbler * les mollets. Quant aux ventilateurs pulmonaires, ils brassent un maximum d’air pour faire en sorte d’oxygéner les organismes qui laissent entendre chez certains, des grondements ou sifflements bizarres !
J’évoquais dernièrement le fait de se trouver parfois dans le dur et là, d’entrée nous y sommes. La file s’étire au point de devoir faire des pauses pour que les meneurs ne découragent pas les ceusss qui tardent à prendre le bon rythme. Le temps de repos nous donne l’occasion de revisiter la carte, alors que sur l’autre rive nous apercevons un groupe qui monte.
La pensée……. que peut être nous nous sommes trompés d’itinéraire vient perturber nos certitudes. Le doute s’installe….. au point de faire marche arrière pour rejoindre, au départ, le petit pont de pierre qui permet de sauter la rivière et de repartir sur l’autre rive.
Nous voila lancé sur les traces de ce groupe que nous rejoindrons dés la première difficulté et là….surprise, je vais reconnaitre Rémy, un ami cyclo qui là est avec le club de marche du Pontet, petite ville voisine de Barbentane où se trouve le siège de notre association. Arrivé au contact de ces randonneurs, nous allons nous apercevoir que le plan bis risque de nous poser des problèmes. Le groupe en question est composé d’une trentaine de personnes et la passerelle sur laquelle il bute, comme toutes celles que nous rencontrerons plus loin, est sensée ne pouvoir supporter que deux sujets à la fois.
Tous, dans cette équipe n’étant pas aguerries à la marche sur ce type d’équipement à effet de balançoire et d’enfoncement à chaque pied avancé, nous fit rapidement entrevoir une progression bien en dessous de l’estimation affichée sur le panneau placardé à l’entrée du circuit.
Notre intention est de vouloir remonter la totalité des gorges, ce qui ne parait pas pouvoir être le cas de tous les membres de cette colonne. Après qu’il ait entendu nos arguments, le responsable de l’expédition qui nous précédait nous céda sportivement le passage.
Régulièrement, des échelles métalliques sont là pour accéder aux passerelles. Leur rôle est d’élever le niveau de ces dernières afin de permettre le saut de certains obstacles. Ces ensembles sont les témoins d’un travail d’aménagement extraordinaire.
Ces exercices, physiques et d’équilibre habituellement peu pratiqués dans les randonnées classiques, ont mis en émoi certaines de nos camarades. Dans un premier temps, un, deux, trois, quatre pontils, il y en aura six au total, sont ainsi franchis avec plus ou moins de plaisir…et de frousse pour l’une d’entre elle......... en particulier… !
Thierry caché dans les feuillages attirant sa proie vers lui !
Je n’ai pas filmé ses traversées. Non par retenue ou sagesse, je pense que la mise en scène des conditions de ses voyages aériens vous auraient amusé sans qu’elle en soit blessée, mais en raison de mon incapacité à savoir en incérer l’objet dans mon blog !. Je le regrette, car la mise en place et le déroulement des opérations étant pour le moins originales, auraient sans doute suscité des fous rires à la découverte de leurs images. Je vais toutefois essayer de vous en faire partager quelques traits par une description.
Dominique dans le rôle de l'hypnoptiseuse !
Pour pouvoir traverser, M…. avait besoin d’un regard de face, du regard d’en face. En l’occurrence de celui de Dominique ou de Thierry, qui les yeux dans les yeux l’attendait de l’autre côté de l’ouvrage. À tour de rôle, tels des enchanteurs, ils attiraient ainsi M… vers eux, qui comme hypnotisée avançait en fixant les prunelles de son guide pour en oublier sa peur du vide, celui du vertige et du désagrément dus à l’instabilité de ces ponts au comportement particulier. Par petits pas, elle progressait tel une fildefériste sur son câble. Sans balancier, les bras écartés, les doigts repliés gainant sans jamais lâcher les filins tenant lieu de main courante…..elle avançait, sans lever les pieds, en les faisant glisser sur le sol de la construction de peur d’en perdre le contact. L’aspect théâtral, les mimiques et les propos qui accompagnaient les opérations, à posteriori je le regrette, auraient mérité…un bout d'impression numérique tellement le spectacle en était comique !
Un circuit aérien taillé dans la roche au dessus d’un vide impressionnant se présente en alternance d’un tracé disons …. classique. Les parties les plus exposées, parfois larges de moins d’un mètre sont équipées de câbles pour la sécurité. Le travail fait par les hommes est, là, digne d’exploits d’un quotidien rempli de risques et d’efforts incommensurables.
Historique
À partir de 1943 le projet de captage des eaux du torrent de la Carença pour produire de l’électricité pour la ligne du train jaune, va engendrer de gros travaux dans les gorges et en modifier considérablement le paysage. C’est à cette époque que les ouvriers vont creuser le chemin dans la roche (sentier vertigineux des corniches), un rail est installé et les ouvriers peuvent ainsi transporter matériels et pierres dans des wagonnets.
Des galeries de 50 à 80 m de profondeur ont été creusées à même la roche pour capter une partie des eaux du torrent de la Carença. Ce flux est ensuite dirigé vers la chambre d’eau, où il se mélange aux eaux du lac des Bouillouses et des nombreux affluents de la vallée de la Têt. L’eau descend alors dans une conduite forcée jusqu’aux générateurs de l’usine pour produire de l’électricité.
Servant à l’origine de moyen de liaison entre les vallées, le sentier n’était pas sécurisé et empruntait majoritairement le fond des gorges ce qui en isolait les hameaux ainsi desservis dés la montée des eaux.
Le train jaune sur le pont Séjourne. Photos empruntées au Net
Sentiers artificiels faits de plaques métalliques accrochées à la montagne, passerelles et chemins taillés dans le rocher nous font arriver à une importante prise d’eau destinée à alimenter une centrale sise quelques part dans la vallée. En route plusieurs galeries de visites laissent imaginer le travail des hommes pour aménager les circuits souterrains et installer les conduites forcées amenant l’eau aux turbines.
Le groupe de la Carança sur l'une des prises d'eau.
Photos prises sur le Net
M….. s’est familiarisée avec les passerelles et autres ponts de singe, sans toutefois pouvoir se passer de ses endormeurs d’angoisses, de ses gérants de stress liés à son impression d’évoluer dans des éléments entre terre et ciel, sans fermeté, sans assurance. Elle reste cependant habitée de détermination et de volonté à vouloir lutter contre les préceptes selon lesquels, seul le support de la terre ferme peut lui apporter toute la sécurité requise pour avancer sans à priori.
Photos empruntées au récit de christiane et de Jean: Refuge et gorges de la Carançà.
Un chemin dallé, plus large, laisse à présent la place au sentier étroit que nous quittons à la sortie d’un pont…classique celui là. Les traces de charbonnières laissent voir des exploitations remontant au siècle dernier. Les ruines d’un petit bâtiment donnent à penser à un lieu de vie saisonnier, de bergers peut être, de charbonniers sans doute.
Le pique nique est pris au terme de l’horaire que nous nous étions fixé, comme étant celui pour amorcer notre demi tour. La raison l’emportant, il est plus sage en effet de convenir à cette solution, le refuge de la Carança n’ayant pas été retenu pour la nuit ! C’est ainsi que M….a pu se familiariser aux passages qui lui posaient des problèmes à l’aller, car il a bien fallu qu’elle ‘’se les refasse ‘’ au retour…et dans la foulée.
Pour l’anecdote tendresse et folklo à la fois, je ne peux pas en terminer sans évoquer la rencontre avec cette famille croisée sur notre itinéraire, et dont l’un des enfants, une dizaine d’année, arborait à l’une de ses mains un pansement d’urgence fait d’une serviette de table en papier de laquelle de l’hémoglobine suintait. Comme je peux l’être parfois, c'est-à-dire à l’envolée, au ton lyrique, j’ai abordé le gamin pour lui demander ce qui lui était arrivé. Il m’explique s’être fait une entaille en coupant le saucisson du pique nique avec le couteau que lui avait offert son papa pour les vacances. Avec l’autorisation des adultes qui l’accompagnaient, la trousse de secours ouverte comme pour une opération de guerre, me voila auto-investi d’une mission de sauveteur. Cette improvisation nous a amené à des échanges surréalistes face à des parents, qui étonnés par son habilité dans le propos, écoutaient le garçon me narrer en détail son infortune et moi donnant le change à partir d'un discours se voulant consolateur et gentiment moqueur à la fois. En fin de journée, alors que nous sortions de la buvette du parking, le petit est venu me monter que le pansement….avait tenu. L’infirmier à la retraite…était fier de lui !
______________________________
Epilogue
Même si dans le contenu de ''mes récits'' sur les Pyrénées, j’évoque quelques critiques à l’égard des conditions climatiques subits et autres défauts de signalisation remarqués sur certains circuits, j’ai beaucoup apprécié toutes les randonnées qu’il m’a été permis de faire durant cette semaine. Ma réputation de râleur étant faite, je ne me prive donc pas, ou plus depuis longtemps à faire état de remarques au risque parfois de ne pas être compris. Si je dénonce les inconvénients de certaines situations, je sais également et sans réserve, faire l’apologie de ce que j’aime. Toutes les randonnées auxquelles j’ai consacré une chronique et que j’ai voulu résumer à ma façon, m’ont permis de découvrir de nouveaux lieux, de vivre de nouvelles rencontres, d’échanger sur divers sujets. Le ton, voulu théâtral propre au caractère du méridional d’adoption que je suis, c'est-à-dire avec éclat et à la musique de l’accent du sud, sont propres à la façon de m’exprimer.
Pour paraphraser Florent Pagny dans l’une de ses chansons, pour ce qui me concerne et……l’âge faisant, j’ai beaucoup perdu….sauf ma liberté de ''penser ''
Pyrénées je vous aime …mais….., s’est voulu un titre provocateur.
D’ailleurs, je vais un peu en rajouter au sujet du panneau qui indique 3h45 pour les 9 kms et les 1000 mètres de dénivelés. A l'expérience vécue, ce temps ne tient pas compte du ralentissement que provoque les groupes. Il est calculé sur celui de deux bons randonneurs qui bénéficieraient d’un champ libre sur la totalité du parcours !
Le ''titilleur'' ** encore que je suis, en a relevé les risques par manque de précisions. Pour éviter de me faire ‘’chambrer ‘’ par courriels retours, je ne vais pas vous dire le total du notre.....de temps pour en parcourir notre aller-retour !
Malgré les quelques égratignures dont je fais état à votre sujet, Pyrénées je vous aime. Vous êtes belles. Vos vallées se distinguent de celles des Alpes par leur profondeur et l’originalité de leurs paysages. Certaines de vos balades, comme celle des gorges de la Carança, me mettent en échec pour trouver les mots et en qualifier leur beauté à la juste valeur des émotions qu’elles ont généré en moi. Dans le registre de l’insolite, du curieux, je ne suis pas près d’oublier l’intrusion sous ma cape de ce chien de berger terrorisé par le bruit du tonnerre.
La fin pour les meilleurs :
Merci Marielle pour ton organisation. Merci à Thierry, ton binôme dans cette expédition. Une très grosse bise à Paulette, ma partenaire du groupe ‘’ Des Plan-Plan ''.***
* Timbler : Usage populaire voulant exprimer un sentiment de tension extrême
** Titilleur : Personnage excéssif quant aux besoins de précisions !
*** Pan-Plan : Personnes qui savent prendre le temps.
______________________________________
Pyrénées je vous aime….mais !
Rando autour d’Egat.
Situé en Haute Cerdagne, Egat est logé sur les flans d’une cuvette se présentant tel un fossé d’effondrement qui occupe le bassin d’un ancien lac d’origine glaciaire drainé par le Sègre.
Le bas du village est situé à 1680 mètres d'altitude sur le versant sud du massif du Carlit. Il se remarque par son église du XII et sa tour vestige d'un château du XIII siècle qui permettait de surveiller la route venant d’Espagne. En contrebas, entre Odeillo et Targasonne, est implanté le four solaire qui dans les années 1980 représentait le plus grand édifice de ce genre au monde.
Le village est mentionné dans des documents de l'an 839. Jusqu'en 1966 il s'est développé près de la tour et au dessus de la route nationale. Essentiellement agricole il était composé de quelques fermes. A partir de 1966 se sont développés les lotissements de maisons ou chalets d'habitation principale ou saisonnière qui ont donné au village son étendue actuelle. En 2001, Egat comptait 504 habitants.
Egat : Implanté en lisière d’une forêt domaniale domine le plateau de la Cerdagne. Coté Est, la vue, au delà d’Odeillo, embrase les sommets du Cambre d'Aze, du Redoun et du Gallinas. Vers le Sud et le Sud Ouest, la vue porte sur des sommets du Puigmal de la Sierra del Cadi en Espagne. Sur le plateau Cerdan, Puigcerda en Espagne est bien visible ainsi que Ossèja en France.
Face à Egat, vers le Sud, plusieurs stations de ski sont aussi visibles.
D'Est en Ouest : Eyne 2000 (au pied du Cambre d'Aze), Puigmal (au dessus d'Err), la Molina et Massella en Espagne. Toutes ces stations sont accessibles en moins de 35 minutes en voiture. Egat est situé géographiquement sous les pistes de ski de Font Romeu qui s'étagent entre 1800 et 2215 m.
A l'écart des routes principales, le calme y règne. L'été, la forêt toute proche incite aux balades. Presque à plat, Font Romeu est accessible en 3O minutes à pied à travers la forêt.
________________________________________
Dans le registre du folklore et celui de l’humour, cette randonnée nous valut quelques moqueries de la part de certains de nos camarades.
Le groupe étant composé de personnes aux objectifs différents pour ce qui concerne les efforts à pouvoir consentir, et pour d’autres à vouloir accepter de les fournir, à parfois généré des dialogues au ton comique. Il est vrai que le mélange des générations conduit parfois à des comparaisons qui ne sont plus d'actualité pour tous. Le choix des randonnées, des itinéraires, doit tenir compte de la condition physique de chacun, car à l’impossible... nul n'est tenu !
_ Venez avec nous, on marchera à votre allure…on vous attendra, nous claironnait le groupe des juniors !
Paulette et moi de rétorquer :
_ Attendre, et pourquoi parler de nous attendre alors que nous en avons décidé autrement. L’itinéraire de notre circuit est arrêté et de conclure par une exclamation chantée en cœur :
_A chacun son chemin et à ce soir pour l’apéro.
Ainsi s’acheva, au croisement des chemins, la causerie du ralliement à la cause perdue. En effet, au terme de la partie du circuit sillonnée ensemble, chacun des groupes constitués pris alors la direction du choix qu’il avait défini.
Pour nous, celles et ceux pour qui marcher dans le dur tous les jours devient un exercice où la peine dépasse le plaisir, il avait été convenu que Paulette, René ou moi assurerions l’accompagnement du groupe de personnes désireuses d'une sortie tranquille en alternance avec d’autres randonnées plus exigeantes.
Moment de pause pour ''l'ancétre " !
Comme nous avions pris le temps de visiter Mont-Louis, citée dont l’histoire méritait d’être revue pour certains et découverte pour d’autres, les alentours d’Egat valaient bien que l’on y fasse étape pour ne pas en ignorer l’essentiel de ses centres d’intérêts et des paysages que sa situation géographique permet de remarquer.
_________________________________________
Au départ du centre Azuréva ; le sentier conduisant au sommet du village traverse une forêt de résineux. IL est pentu le bougre, mais au pas du promeneur rien n’est insurmontable. D’ailleurs à en entendre les parlottes et les exclamations ronflantes de ces…. Dames…. en particulier…, nous aurions même pu en forcer l’allure !
Venant de l’on ne sais où, de nombreux ruisselets accompagnent les sentiers nous conduisant sur les hauts d’Egat. La vue sur la vallée et sur les montagnes d’Espagne y est splendide. Sur les parties dominantes des environs, comme cela se rencontre dans les régions de villégiature, les chalets y sont encore plus grands et luxueux qu’ailleurs.
Fin juin n’étant pas encore le temps des vacances pour tous, la plupart des maisons et logements divers présentent des volets clos. Cependant et sans donner l’impression d’un entretien particulier de nombreuses fleurs en ornent les terrasses et les jardins.
. A ce stade de notre progression, en direction d’un promontoire dominé par un calvaire, un magnifique sentier se présente à nous.
Les yeux levés au ciel, d’une voix à peine audible, une supplique se fit alors entendre :
<<Pas la Croix se mit à murmurer Annie, pas la Croix. >>
La plainte, sans lien commun avec la crainte d’y être suppliciée, faisait écho à l’effort dont elle se croyait incapable à fournir pour l’atteindre !
Des lupins aux couleurs différentes sont là à profusion. De la bourache, des lis de Saint Bruno et autres gentianes nous accompagnent de leurs senteurs diverses. Ces fleurs font davantage que d'enchanter le paysage, elles nous poussent à vouloir aller plus loin, à la découverte d'autres espéces que notre curiosité attire vers elles.
A mi-chemin, une petite fontaine offre son filet d’eau pour un rafraîchissement d’appoint.
Dans certaines conditions, l’évaluation au pif est parfois trompeuse. Il est en effet difficile d’arriver à estimer à vue de nez le temps nécessaire pour atteindre une cible pourtant bien visible. Aucun panneau n’était là pour nous en indiquer la distance et le renseignement qui nous fut indiqué par une joggeuse ne pouvait se traduire en pas du promeneur !
C’est ainsi que des lacets se succédant aux lacets prirent le temps au temps pour un pique nique à déballer à une heure raisonnable. Pris en décalage à ce qu’il est habituellement convenu d’appeler la bonne heure, il n’en fut que mieux apprécié.
Quant à Annie, au pied du calvaire, après ses pauses photos à la fois culturelles, artistiques et réparatrices de quelque essoufflement, elle a pu confirmer qu’au pas du promeneur….. rien ne lui est impossible. Sa récompense, outre les félicitations de ses camarades, fut le sifflet d'amiration d'une marmotte installée au pied de la Croix.
Le tour du lac des Bouillouses.
Il s'agit d'un lac artificiel dont le barrage en maçonnerie a été construit entre 1903 et 1910 dans une zone marécageuse du fleuve la Têt appelée la Grande Bouillouse. L'aménagement de ce lac visait à réguler le débit de la Têt et à fournir de l'électricité pour le fonctionnement du train jaune grâce à plusieurs centrales hydroélectriques gérées par la SHEM (Sociétè hydrolique du midi) réparties le long du fleuve, dont la première est située quelques kilomètres en aval du barrage des Bouillouses et alimentée par une conduite forcée.
Le lac des Bouillouses et ses abords sont un site naturel classé depuis le 24 juin 1976,au titre de la loi du 2 mai 1930.
Le lac a une capacité de 19 000 000 m3 et il est annuellement plein en été et souvent presque vide à la fin de l'hiver. Son niveau est couplé avec le lac de Vinça, situé en aval pour servir également à l'irrigation de la plaine du Roussillon.
Suite à des travaux d'aménagement en 2008, une partie de son volume, 540 000 m3, sert en hiver pour alimenter les 500 canons à neige du domaine skiable de Font-Romeu Pyrénées 2000 par la compagnie Altiservice.
Le site des Bouillouses est également la porte d'accès vers les chapelets de lacs d'altitude du massif du Carlit et un des points de départ pour l'ascension du pic du même nom, situé lui, à 2 921 métres d'altitude.
Le lac est à une hauteur de 2016 mètres. Il se trouve étalé sur la commune d'Angoustrine Villeneuve des Escaldes, dans le département des Pyrénées Orientales. C'est un lac artificiel, situé à l'amont du bassin versant du fleuve la Têt qui arrose le Conflent et le Roussillon. Le lac des Bouillouses est également très réputé dans le milieu de la pêche. On y trouve notamment des truites fario et des truites arc-en-ciel. Ces dernières, originaires d'Amérique et implantées dans le lac au début du siècle sont très appréciées des pêcheurs. Le lac des Bouillouses et ses abords sont un site naturel classé depuis le 24 juin1976 au titre de la loi du 2 mai 1930 .C'est un haut lieu pour la randonnée pédestre. Différents sentiers longent les rives du lac : le GR 10, le Tour du Capcir, le Tour du Carlit et des sentiers d'initiation à la faune et la flore locales.
_______________________________________
Le circuit d’approche,
A l’entrée de Mont-Louis, après quelques kilomètres en direction du lac, au Pla-de-Barres plus précisément, des panneaux nous invitent à suivre des flèches qui conduisent sur un immense parking. Nous apprenons que seules des navettes, moyennant sept euros par personne, sont autorisées à monter pour le départ des randonnées. Je note qu’il existe un prix de groupe à cinq euros pour les associations…. qui montrent pattes blanches.
_Faut il à priori refuser d’entendre la raison d’une démarche écologie pour justifier un tel aménagement ?
_Qui par ailleurs peut nous interdire de penser qu’il s’agit là d’un prétexte pour nous faire payer la montagne ?.
Je ne vais pas faire de commentaire sur le sujet ……
Non, aujourd’hui, je suis devant mon clavier pour vous ‘’réciter’’ mes sorties pyrénéennes. Pour ce qui est de mon sentiment à l’égard des parkings à l’indice tarifaire exponentiel, notre Provence en détient quelques records comme celui de la Fontaine de Vaucluse, de Gordes et le pompon va à celui du Pont du Gard. Dix huit euros pour une voiture, douze pour une moto et……..dix pour un piéton, car il est impossible, en toute légalité, d’entrer à pied sur le site sans passer par les guichets !
Le trajet qui doit faire une dizaine de kilomètres est plusieurs fois interrompu par la descente de pécheurs qui rejoignent ainsi de petits lacs ou ruisseaux alimentés par le déversoir du barrage situé en amont.
Le terminal se fait sur une aire où commerces, buvettes et restaurants, sont là pour le touriste en quête de repos, de nécessité alimentaire ou autres achats en cadeaux souvenirs !
L’espace est grandiose. Le regard sur le lac se perd sur les montagnes du Carlit dont les sommets ont gardés quelques souvenirs de l’hiver passé. Malgré sa masse imposante, un hôtel a depuis des années pris sa place au sein d’une forêt de sapins. Surprenant, des troupeaux de vaches et de chevaux cohabitent en toute liberté. Habitués à la fréquentation des lieux par les marcheurs, les animaux paissent, s’ébattent, s’accouplent sans paraître dérangés par notre proximité.
Comme pour d’autres randonnées, en fonction de l’attrait des parcours proposés, l’effectif des Galéjaïres s’est scindé en deux groupes au pied du barrage. Je rappelle ou précise que son total compte une trentaine de personnes. En diviser le nombre, permet de proposer deux choix et de pouvoir ainsi offrir à chacun une place de nature à satisfaire son désir.
Une quinzaine de personnes est partie faire la boucle des étangs, alors que le groupe avec lequel je randonne aujourd’hui a arrêté son programme pour le tour du lac des Bouillouses.
Le début de notre itinéraire emprunte le G.R 10. Il suit à une dizaine de mètres près le rivage du lac. Le temps est magnifique. Une zone marécageuse nous obligent, tels des enfants jouant à la marelle, à progresser par petits sauts d’un espace herbeux à un autre. Un plouf, suivi …..d’un merde retentissant annonce la glissade de Martine. IL y en aura d’autres obligeant les victimes à quitter leurs chaussures remplies à la fois d’eau et de boue à l’odeur du crottin que les chevaux nous ont laissé en signatures.
Le passage à gué des ruisseaux donne lieu à des scènes théâtrales. Il y a celles et ceux qui misent sur les bonnes pierres pour progresser et puis il y a José qui, craingnant les effets pervers des cailloux à bascule préfére se déchausser !
À partir du pique nique, la rentrée vers le parking aux navettes se fit à l’intuition, au parcours découverte. S’il a eu le mérite de l’intimité, d’avoir pour nous un chemin personnel, il présenta tout de même quelques désagréments. C’est ainsi qu’au terme de détours et contours nous découvrîmes un sentier bordant les berges du lac et dont quelques obstacles à franchir amenèrent certains d’entre nous à se remarquer des talents insoupçonnés d’escaladeurs !
Quant à l’autre groupe, le hasard, la chance ou une coordination d’instinct, nous firent arriver ensemble sur l’aire du retour. Comme à notre habitude, nos commentaires respectifs sur le déroulement de la journée mirent de l’animation à l’intérieur du car !
Pyrénées je vous aime… cette fois ….sans….. mais….
Sans…. mais : Le beau temps ayant été de la partie. Quant à la signalisation, c’est nous qui sommes partis à l’aventure, donc rien à dire sur ce coup !
Sans….mais : Egalement pour ne pas courroucer davantage mon ami Michel. Pas le Parisien, un autre….le Bordelais, qui m’a adressé un courrier pour me dire combien il était déçu de voir ses Pyrénées critiquées de la sorte. Pour lui, si l'herbe y est aussi verte....rien à voir avec un taux d'hygrométrie excessif !
Il m’a également traité de chauvin par rapport aux Alpes et à la Vanoise...... alors que je n’ai pas encore déclaré.... quelles étaient mes préférences, même si elles peuvent se lire ''dans le non-écrit''.
Pyrénées je vous aime, je vous le dit sans arrière pensée ..quoique...mais !
À venir : Les gorges de la Carança.
Note: Vous avez vu apparaitre des publicités sur les articles de mon blog. Cette nouveauté n'émane pas de ma demande. Elle n'est pas de mon fait. Cette nouvelle disposition est mise en place par la direction des blogs dont le service était gratuit jusqu'alors. Je pense qu'il s'agit là d'un moyen de participer au financement de leur organisme.
Dans la vallée de L'Eyne.
Résumé du premier épisode :
Les lupins: L'une des fleurs emblématiques de ce coin des Pyrénées.
Contrairement à ceux rencontrés en Savoie ou dans la Vanoise, ici les lupins ne se trouvent pas que dans les jardins, mais à profusion en montagne et sur les bords de la grande route des cols.
Bien que la Cerdagne représente pour les Galéjaïres une région à découvrir, le groupe a rapidement trouvé ses marques. Rodés à l’élan communautaire, les Paulette, Madé, Dominique et autre René, Michel, Pierre et les Paul n’ont pas eu à tourner huit jours pour faire leur trou et trouver leur place au sein de ce nouvel environnement.
Les grandes Alpes ayant déjà été choisies de nombreuses fois par le passé, le choix des Pyrénées répondait à un désir de nouveauté. Marielle, organisatrice du séjour a su jongler d’astuces et de finesse pour recenser autour de Font Romeu, le gîte et le couvert au meilleur rapport qualité-prix pour sa troupe dont elle allait assurer la charge en binôme avec Thierry.
Ce 22 juin, l’accueil qui nous fut réservé à l’Azuréva d’Egat laissa augurer d’une bonne suite pour les services à venir. Effectivement, rien durant la semaine ne vint en démentir l’espérance. Les repas proposés sous la forme de buffets ont été copieusement fournis. Les assortiments furent divers, les plats bien cuisinés. Nous trouvant encore hors saison par comparaison au mois de juillet et d’août, nous avons bénéficié d’un espace de vie largement supérieur à celui habituellement attribué. Rapidement à l’aise dans la relation avec les autres vacanciers, les après randos ont donné lieu à de riches échanges.
En route, puis en marche pour la vallée de L’Eyne.
Un bon apéro, un bon repas, une bonne nuit ont rangé les stigmates et les petits bobos de la veille au rang de vagues souvenirs. Les fleurs rencontrées tout au long du parcours, la majesté du barrage de Lanoux, l’étendue de cette petite mer nichée à 2213 mètres d’altitude en ont effacé les égratignures et adouci les rancœurs lancées hier à l’adresse de cette fin de parcours dont la pratique fut par moment périlleuse.
.....................................................
Une vingtaine de kilomètres en voiture nous amènent en situation de pouvoir lacer nos chaussures de marche. Au départ de la randonnée, tout en empruntant le même itinéraire, le groupe se scindera en fonction de la détermination de chacun à vouloir, ou ne pas souhaiter aller jusqu’au col d’Eyne. Un peu comme à la colonie, Marielle et Thierry font le compte des leurs, alors que Paulette et moi aurons le plaisir de conduire au pas du promeneur le restant de la troupe jusqu’à l’heure du pique nique. Le retour, comme pour l’alliance des ‘’forts’’, se fera par le chemin de l’aller. Le covoiturage ayant été organisé pour une autonomie réfléchie, chacun des groupes sera libre de son horaire de rentrée.
Une partie du groupe à Paulette.
La mise en train se fait après avoir traversé le village d’Eyne en direction de Llo. Un parking et des panneaux renseignant sur les caractéristiques de la randonnée sont là pour nous accueillir.
Cette vallée est réputée pour sa diversité florale et une colonie d’espèces de bourdons parmi la plus importante au monde. Il y aurait une quarantaine de groupes de ces insectes dénombrés sur notre planète, dont 32 vivent dans la seule vallée de l’Eyne. Naturellement s’ajoute à cela une très forte concentration d’abeilles.
Le chemin s’enfonce sous une futaie peuplée en partie de pins à crochets. Ses bordures sont habitées par des massifs de rhododendrons, de grandes gentianes ''apéritives'' , des ancolies et autres gentianes printanières. Sans en être un spécialiste, je reste passionné par la flore des montagnes. L'ancolie, par la pureté de sa couleur et l’élégance de sa tenue peut me rendre admiratif au-delà du rationnel.
La gentiane à feuilles opposées: Dite apéritive.
Le Vératre ( plante toxique) ou fausse gentiane à feuilles alternées.
L'ancolie sauvage à fleur unicolore d'un bleu-violet selon la nature du sol sur lequel elle pousse.
La gentiane printanière.
À présent le sentier monte par palier entre l’Eyne, affluent du Sègre qui lui finira sa course en Espagne et le Rec del Mas Randole. A signaler que tout au long de la semaine nous relèverons beaucoup de désignations, de noms seulement écrits en langue Cerdane.
À propos du Rec Del Mas Randole: Il s’agit d’un petit canal à claire voie. Nous croiserons plus haut sa prise en eau au détriment de l’Eyne. Sa conduite présente la particularité d’être en métal. La vitesse de son débit que la pente accélère, génère à l’occasion des courbes qu'elle dessine, des sons à la musique surprenante.
À main gauche, le bruit du torrent nous accompagne pratiquement depuis le début de la randonnée. Son ronronnement, dont quelques petites cascades en modifient le tempo, présente pour moi, la particularité gênante de mobiliser mon écoute et mon attention au détriment de ma volonté à vouloir ne rien perdre de ce que ma conscience cherche à capter. Je le perçois en parasite, en dualité avec mon besoin d’observer tout ce qui m’entoure, d’entendre, d’identifier le chant des oiseaux. Autant j’apprécie la sieste bercée par le bruit de l’eau, qu’à subir son écoute en marchant m’amène au souhait de m’en voir écarté.
En s’élevant, sans toutefois s’en éloigner au point de ne plus l’entendre, le sentier prend ses distances avec le torrent. La végétation qui le borde est maintenant peuplée d’arbrisseaux et d’un éventail d’espèces florales dont à présent les noms m’échappent. L’âge, les années, je parle de celles que je porte, en ont fait s’évaporer leur désignation….à moins qu’ils ne s’agissent d’espèces nouvelles !
Le ciel subitement s’assombrit. Arrivé à Pla de Las Fonts, au pied du verrou glacière, la raison nous invite à faire demi tour pour choisir notre aire de pique nique sur le chemin de retour. Pour ma part, resté jusqu'au boutiste, la curiosité plus forte que la peur de l’orage, m’entraine à repartir pour poser mon regard sur le panorama que l’obstacle occulte. Alors que les flans de la montagne en resserrent ses berges, ce qui devait être l’emplacement d’un lac est devenu une longue tourbière. Au fond, loin devant moi, je peux imaginer le col d’Eyne.
A peine mes camarades retrouvés et alors qu'ils en avaient terminé avec leur repas, un orage de grêle s’abat sur nos têtes avec violence. Le déploiement des capes fait entendre le bruit caractéristique du plastique trop longtemps resté serré dans son étui. Assis sur la pierre choisie par chacun en qualité de siège, le dos rond pour limiter les effets du vent sur cet habit, qui à la moindre prise d’air se gonfle comme une baudruche, la troupe attend la fin des caprices du temps .
Les éclairs illuminent l’ambiance de tons multicolores. Bien qu’à certains égards menaçante, inquiétante, cette ambiance surréaliste attire ma curiosité comme le ferait un spectacle. Le tonnerre fait un bruit de fanfare. Concentré sur l’agression me venant à la fois du ciel et des rigoles d’eau sale qui descendent à présent de la montagne.......je ne vis arriver pas l’animal.
Un chien de berger venu de je ne sais où, complètement affolé vient de s’engouffrer sous ma cape comme si nous nous connaissions, comme s’il y avait été invité ! Mon effet de surprise contenu, son regard implorant mon hospitalité, je ne pouvais pas faire différemment que d’accepter la cohabitation. Lui couché sur mes chaussures et moi à subir ses odeurs de chien mouillé dont le toilettage devait remonter aux calendes grecques. Ses effluves de fond d’étable m’arrivaient droit aux narines par le col de la cape que j’avais du desserrer pour que l’animal ne suffoque pas ! La chance de ne pas avoir pu prendre mon casse-croûte m’épargna du pire !
Nous nous regardions par cette cheminée d’aération improvisée. Moi toujours étonné par l’originalité de ce colon, et lui surpris de ce gîte pour le moins original et….inattendu.
J’ai connu, autrefois….., dans ma jeunesse et mon passé de vacher du côté de la Croix de Bauzon en Ardèche, chien plus courageux. Plusieurs fois surpris loin de tout abri par des pluies torrentielles et des tonnerres à faire trembler le sol, Dolly ma fidèle auxiliaire de garde venait, elle, face à moi, assise sur son cul pour me rassurer d’un regard dont je garde le souvenir. Elle aboyait aux éclairs et aux bruits sourds du tonnerre dont l’écho n’en finissait pas de rebondir contre les rochers du Tanargue. Le gamin que j’étais, voulait croire qu’elle engueulait le ciel coupable de vouloir me faire peur. Ma Dolly à moi, elle était courageuse.*
L’orage se transforme en pluie abondante. Mon locataire, sans doute rassuré par quelques bribes d’une conversation que je lui tiens de peur qu’il ne s’endorme, semble apprécier le confort de mes chaussures comme oreiller.
Au regard du ciel qui ne cessait de s’obscurcir et du vent qui redoublait d’ardeur, il fut convenu avec Paulette de lever le camp et de redescendre dans la vallée.
Et le chien me direz-vous ?.
Il me fut difficile de le déloger de son abri. Le coquin pesait de tout son poids sur mes pieds au point de ne pouvoir me soulever de ma pierre. Sans pour autant le rudoyer, je dus avec fermeté le tirer des appuis qui pesaient sur moi, afin pouvoir me mettre debout pour rejoindre le groupe dont les membres s’étaient envolés comme une nuée de moineaux.
C’est surprenant de constater comment un orage peut amener des marcheurs à retrouver leurs jambes de vingt ans. Sans se retourner, je les vis prendre le large puis lentement disparaitre. Les capes, longues au point d’en recouvrir leurs pieds, tels des fantômes, je les regardais dessiner un serpentin, glissant sur le layon devenu ruisseau. Le chien, longtemps m’a suivi.
Le sentier, emprunté journellement par des troupeaux de vaches montant le matin aux alpages et en descendent le soir pour la traite est tapissé de bouses. Je vous laisse imaginer l’odeur du contenu qui rentrait dans nos chaussures alors que l’eau en avait dilué les excrétions !
A propos de vaches. Sur la rive opposée à la notre, par dizaines, au galop, elles descendent à la recherche de conditions meilleures. Arrivées avant nous, un passage à gué leur ayant permis de franchir l’Eyne, nous devons nous frayer un chemin à même leur contact, dont le corps suant laisse échapper les vagues d’une fine brume.
En fin de parcours, m’ayant précédé dans la descente, le chien avait repris sa fonction de gardien. Il est là, fier comme Artaban tenant en respect son troupeau. J’ai voulu imaginer que le regard qu’il m’adressa alors, voulait me manifester un signe de reconnaissance.
Quant au groupe des vaillants retrouvé plus tard au centre, monté bien plus haut que nous, ont reçu sur le crane des grêlons d’une grosseur à la dimension de leur courage….ou de celui en conséquence de leur nez défaillant du talent devinatoire !
La montagne ça se gagne, mais pas à tous les coups….il faut savoir en renifler les indices, les odeurs qui viennent en annonce d’un déluge à venir …..
Pyrénées, je sais pour vous avoir parcouru à pied et à vélo de nombreuses fois , je sais pourquoi et à mes dépends,….. pourquoi votre herbe y est si verte……
Pyrénées je vous aime…. mais….
Faut pas craindre la grêle et la pluie !!!!!
* : J'évoque Dolly dans : ''j'ai rêvé mon père'', iinéraire d'un Ardéchois publié aux éditions de l'Ephémére. Si cet écrit vous intéresse me contacter. J'en suis le distributeur.
Randonnées en Cerdagne
La campanule géante
Pour cette dernière semaine de juin 2014, avec les Galéjaïres de Barbentane, ma Jojo et moi sommes allés découvrir la Cerdagne. Nous voila devenus randonneurs dans les Pyrénées Orientales où la marche y trouve quelques sentiers vertigineux, au point de devoir parfois s’accrocher ‘’aux branches’’ pour aller de l’avant..........
............Non pas l’Âme sereine pour qui appréhende le vide, les ponts de singe et autres passerelles suspendues dans le vide…., mais en toute sécurité pour qui en respecte les consignes de la conduite en terrain accidenté....... et à la condition toutefois de ne pas se laisser ''embarquer'' sur des variantes douteuses quant à leur fiabilité.
Pour se rendre à Egat, localité jouxtant Font-Romeu, la carte de route établie par Marielle, organisatrice du séjour, fit nous retrouver ce dimanche 22 juin sous les remparts de Mont-Louis. Ce lieu de pique nique tombait à point. A la fois pour se restaurer, mais également pour un brin de culture locale. Il est important pour les couleurs que nous aurons à défendre durant notre séjour de nous imprégner, entre autres sujets, des histoires du terroir. Le centre dans lequel nous sommes attendus excelle, parait il, dans l’organisation des apéros ‘’savants’’ !!!.
Plan incliné en direction de l'entrée de Mont-Louis.
L'entrée avec ses doubles portes.
Ma Jojo en grande discussion.
Comme à pareille habitude dans le cadre de ce type de halte, il a pu se remarquer celles et ceux présentant des dispositions particulières pour les déjeuners sur l’herbe. De la serviette fleurie aux couverts à faire pâlir de honte mon Opinel, il sera dit une fois de plus que certains de nos Galéjaïres ne font décidemment pas dans l’ordinaire !!!.
Iréne, l'une des Elégantes du groupe.
__________________________________________________
Mont-Louis : Un peu d’histoire.
Portion de rampart et ses tours d'angles.
Choisi comme étape, Mont-Louis se situe à 1600 mètres d'altitude aux portes de la Cerdagne en pays Catalan, Cette petite localité de 216 habitants est la ville fortifiée la plus haute de France. Le centre national d'entrainement commando qui occupe la partie supérieure de la citadelle rappelle que Mont-Louis a toujours été une place-forte militaire. C’est à l'époque du Roi soleil que Vauban y a planté de solides fondations en vue de protéger la vallée des nombreuses invasions venant d’Espagne.
L'histoire ne s'est pas arrêtée au XVIIe siècle puisque la région la plus ensoleillée de France (…hic…).a choisi de faire naître au sein de la citadelle le premier four solaire expérimental au monde. Il s'agit de l'oeuvre du professeur Félix Trombe. Sa construction remonte à 1949. Celui édifié à Odeillo-Font Romeu, de capacité semi-industrielle le fut entre 1962/68.
Le four expérimental de Mont-Louis.
Le four d'Odeillo-Font Romeu. Photos empruntées au Net.
Pour les amoureux de la découverte, Mont-Louis vous invite à visiter son église du XVIIIe siècle riche de splendides retables. La ville possède également l’un des rares puits actionnés par une roue d'écureuil ou à écureuil* toujours en place et en état de fonctionner malgré ses 320 ans.
Roue se trouvant dans ''la cité interdite '' . Photo du net.
Les remparts et les bâtiments militaires ont gardé leur aspect et leurs moyens de défense étudiés à l’époque de leurs constructions. A signaler que la forteresse implantée dans la ville haute ne se visite pas **. Elle est le siège d’une unité militaire où la garde y est montée afin d’en interdire l’entrée à toute personne étrangère à ce centre d’entrainement au caractère particulier.
Le pique nique terminé, pour éviter de reprendre la route sur la digestion et tout en s’instruisant de son passé, une balade dans les rues de Mont Louis permit à certains d’entre nous d’acquérir quelques objets à l’occasion d’une brocante locale. Personnellement j’ai ajouté deux statuettes en bois à ma collection de cette Dame dont la représentation m’amène à la voir porter la bannière de la bienveillance et celle d’une humanité à laquelle il me plait à croire.
Calvaire pour quelques cyclistes en manque de jambes.....sans doute !
La route des cols en direction de la Principauté d’Andorre que nous empruntions depuis la fin de la matinée nous amena sans encombre au terme de notre voyage aller. L’accueil à l’Azuréva de Egat fut des plus sympathiques et l’installation dans nos chambres respectives se fit dans la bonne humeur.
Le centre de vacances de Egat. Photos de Thérése.
Une vue prise des environs d'Azuréva.
Un peu avant le pot marquant l'arrivée des nouveaux, la réunion du staff des guides, Paulette, Marielle et Thierry décident que notre première sortie prendrait la direction du chemin des Ingénieurs au départ du parking des lacs, à proximité du pied du Puymorens.
___________________________________________________________
Vers le barrage et l’Etang de Lanoux
Garés dans un premier temps sur une aire trop basse, l’altimètre de Thierry, que tout bon responsable en montagne se doit d’avoir à portée de main, au même titre que la carte au 25 millièmes du coin et la boussole, nous rappela à nos voitures….. pour la recherche du bon départ.
Le sentier qui s’offre à nous est en forêt. Une pente au pourcentage raisonnable nous permet de monter sans trop s’étaler. Cette randonnée se veut être le tour de chauffe pour celles programmées dans les jours à venir.
L’ouverture de la semaine se fait avec la totalité des Galéjaïres, sachant que pour d’autres sorties il serait fait deux groupes. Le choix d’appartenir à l’un où à l’autre sera laissé à l’initiative et au discernement de chacun en fonction de la connaissance de la difficulté des parcours proposés.
Les nombreuses fleurs, dont l’anémone soufrée et autres curiosités remarquées le long du parcours sont autant de raisons pour des arrêts photos
L'anémone souffrée.
L'Asphodèle blanc.
Le rocher '' Mille feuilles ''
De grandes fourmilières dans lesquelles grouillent des milliers d’insectes d’un rouge brun font offices de cairns. Le fait de gratter à partir d’un bâton la surface de l’un de ces monticules fait apparaître une armée de bestioles qui inondent d’acide l’agresseur et dont les particules qui s’en dégagent, si l’on y prête le nez, vous amènent à larmoyer. Saviez vous que la virulence de l’acide formique décolore en quelques minutes tout chiffon de couleur jeté en pâture à ces fourmis de la montagne !!!
Le bonzaï : Scorpion ou Coq ?
Ce sentier baptisé chemin des Ingénieurs fait sans doute référence aux techniciens qui empruntaient l’itinéraire pour ce rendre sur le chantier du barrage vers lequel nous nous dirigeons.
Des constructions qui restent en bon état, aujourd’hui affectées semble t’il à d’autres fonctions ont sans doute servi dans le passé à héberger les cadres et les ouvriers chargés de construire l'édifice.
Devinez qui est le curieux du groupe ?.....moi je le sais !
La maison ''dite'' des Ingénieurs.
Au niveau de la plus haute de ces bâtisses, des encas sont tirés des sacs pour un ravitaillement d’appoint. Il semble, bien que l’édifice soit encore fermé, qu’il s’agit là d’une réhabilitation en refuge. Dans un cadre qui se prête à la halte, des bancs, des tables et une fontaine sont là pour accueillir les randonneurs de passage. Quant au festin champêtre, il est prévu aux abords de la retenue d’eau. Son emplacement a été localisé sur la carte par Marielle et Thierry nos guides maison du jour.
Photo du net.
L'étang de Lanoux. Photo de Jacky Brouard.
A 2213 mètres, L'Etang de Lanoux sera le sommet de notre journée. Il s’agit de la plus grande retenue d'eau des Pyrénées Française. Avant la construction du barrage qui en augmenta sa capacité, l'étang d'origine glacière avait dèjà l'apparence d'une mer intérieure. Les travaux débutérent en 1955 pour se terminer en 1962 date de sa mise en eau maximale. Plus de 2000 ouvriers furent employés hiver comme été pour venir à bout de l'édifice et de ses annexes.
UN LAC MYSTERIEUX
Ce lac serait habité par de très belles fées qui auraient l'habitude d'apparaître et de disparaître dans les brumes qui le recouvrent.
On les appelait "les fades del lànos".
Grâce à leurs pouvoirs magiques, elles attiraient les hommes auxquels elles promettaient richesse s'ils arrivaient à relever les défis qu'elles leurs présentaient. Par la même occasion, elles leurs faisaient promettre de ne pas leur rappeler qu'elles n'étaient que des êtres immatériels faits de brumes.
Un jour, un jeune et courageux Cerdan réussit à passer 3 épreuves difficiles. Il se maria avec l'une d'entre elles et elle lui donna la fortune rêvée des Cerdans: Des troupeaux de vaches, chèvres, chevaux et brebis.
Hélas, ce jeune homme ne su tenir le secret de la nature de son épouse. Il perdit une grande partie de sa fortune et sa femme se dématérialisa par la suite. Le jeune Cerdan se trouva plongé dans un grand désespoir.
_______________
UNE STELE POUR UN ENFANT DU PAYS.
(André PEIX 1924-1954) tué dans une avalanche.
Sur la berge du lac, une stèle est dressée à la mémoire d'André PEIX . Le 6 mars 1954, la région du Puymorens est endeuillée par une terrible avalanche de 900m de long, 50 à 100m de large et mesurant par endroit jusqu'à 15m de hauteur. La neige, froide et sèche, tombée en abondance à favorisé le glissement de la poudreuse sur la couche ancienne.
André PEIX, âgé alors de 30 ans, quitte la mine de Porté afin de rejoindre le village en compagnie du jeune Tito CONESTA, âgé de 11ans, qui lui regagnait l'école après les vacances de Carnaval. Que s'est-il passé? nul ne le sait ! peut-être que les 2 skieurs sont passés trop près d'une corniche... Malgré toutes les recherches mises en place suite à cette catastrophe, celles-ci resteront vaines.
Le pique nique au bord de l'Etang de Lanoux. Photo de Thérése.
Après nous être restauré, après la traditionnelle sieste quand le temps le permet et ce fut le cas ce lundi 23 juin, il fallut prendre le chemin du retour. Au bas du barrage, une passerelle à franchir et un bout du G.R 7 s’offrent à nous pour terminer notre itinéraire par une boucle. De nouveaux regards permettent ainsi au groupe de s’enrichir d’images inédites et de sites pour le moins curieux.
De nombreuses entrées de galeries apparaissent le long de ce chemin de montagne. Il s’agit de couloirs horizontaux et non de puits. Selon mes informations, il s’y extrayait du minerai de fer pour certaines, pour d’autres du talc, du plomb, de l’argent…..et de l’or pour d’autres encore. Nous avons également rencontré ce type d’ouverture sur le sentier des gorges de la Carença. Des socles de béton ayant du servir d’encrage à des poteaux laissent supposer le transport du minerai via la vallée par des bennes suspendues à des câbles.
A l'entré d'une galerie: Le socle d'un wagonnet.
A la sortie d'une galerie: Minerai sans doute considéré impur pour un bon rendement !.
Dessiné en balcon, ce sentier offre de très beaux panoramas. Près de deux heures durant le groupe, chacun à son rythme, chemine, photographie jusqu’à l’arrivée de ce que je vais appeler une variante.
La tulipe des montagnes.
Curiosité géologique.
La carte reste en effet confuse sur cet itinéraire. Il est vrai que la direction que prend le G.R.7 à cet endroit parait nous entrainer plus bas que le parking sur lequel nous sommes garés. Après consultations, hésitations et doutes, un schuss entre rochers, arbustes et pierriers, qui n’ont pas plu à Pierrette, s'engage enfin.
Nous n’en étions qu’à l’entrée. Bien plus fourni en difficultés, le plat de résistance se présentera en fin de parcours. Le final ressemble en effet à un terrain de profondes désescalades où les mains, paradoxalement…., sont devenues nos membres prioritaires ….pour marcher.
Bien que persuadé d'être dans la bonne direction quant à l’orientation prise, ce semblant de sentier a longtemps nourri des inquiètudes en moi tellement il me parait improbable ( le doute persistant encore aujourd'hui !!!). ……..Tout en étant balisé par des cairns, ce qui à priori devait le rendre crédible, il reste un itinéraire fantaisiste, fort dangereux et sans aucun doute impraticable en cas d’orage. Les quelques gouttes, prémices de celui que nous prîmes arrivés aux voitures nous en amenérent un apercu.
Au risque de passer pour un râleur, trait de caractère que j’assume, m’amène à constater une fois de plus que dans les Pyrénées, les itinéraires balisés, en temps comme en difficultés, sont sous estimés pour le commun des randonneurs.
Bien que cette fin de journée fut animée par quelques jérémiades, égratignures et genoux douloureux, il en est ressorti qu'à....... vaincre ces périls, certaines et certains de nos Galéjaïres s'en sont trouvés grandis. Bravo.
........... Pyrénées je vous aime.....mais......
.... pour le balisage de certains de vos itinéraires... j'émets des réserves !!!!
__________________________
* Roue d’écureuil ou roue à écureuil : Elle se trouve dans la citadelle de Mont Louis et servait à monter l’eau du fond du puits des forçats.
** Sur rendez vous demandé auprès du personnel du syndicat d’initiative de Mont Louis, sa visite peut donner exceptionnellement accès à la citadelle.
*** Il existe, outre celle de Mont Louis, deux roues du même type conservées, dont l’une au Mont St Michel et l’autre à Besançon.
La roue à écureuil de Besançon. Photo du net.
À venir : Récit sur la vallée de L’Eyne, sur les gorges de la Carança et ..........
______________________________________________
La randonnée des moulins de la ou le ou encore de Véroncle
De Joucas à Murs................
Par le sentier du bas
Le village de Murs.
Le village de Gordes. Photo de J.M Rosier.
Au long de sa maigre route, une douzaine de kilomètres seulement, la ou le Véroncle traverse le village de Murs, passe à Gordes pour se jeter dans le Carlet, puis dans le Limergue, dans le Calavon, la Durance et enfin le Rhône pour aller, au bout de sa course, se perdre dans la Méditerranée !.
Le sentier que nous avons emprunté permet de marcher à même son lit sur la presque totalité de son parcours. Il offre l'avantage de pouvoir y rencontrer les vestiges et les traces des dix moulins construits sur son court itinéraire. Il existe d’autres tracés, dont l’un chemine à mi-falaise pour remonter ensuite sur les hauteurs du plateau.
La Véroncle, que par choix je vais choisir au féminin est aujourd’hui réduite à un goulet d’eau et encore que sur son tiers amont. Pour ce qui est du reste de son parcours, l’eau devient inexistence en surface. Je parle là des conditions climatiques hors orages.
Mais où est donc passée la Véroncle ?
Bien que surprenant au constat que l’on peut en faire aujourd’hui, la Véroncle fut dans un passé proche, compte tenu de l’horloge du temps un ruisseau rapide, autant dire un torrent et ce jusqu’en 1887. Suite à un premier tremblement de terre, ses eaux disparurent partiellement. Son quasi assèchement remonte à 1909. Un nouveau séisme, plus local celui là, détruisit entre autre dégât important, le village de Lambesc dans les bouches du Rhône, provoquant le décès de 46 personnes et 250 blessés. Les secousses fissurèrent la dalle calcaire du fond de son lit, provoquant ainsi la perte de ses eaux dans le sous sol. La conséquence qui s’en suivit condamna définitivement le fonctionnement des moulins et l’irrigation des cultures, qui permettaient à une petite colonie de paysans de vivre en ces lieux malgré la pauvreté des sols et l’étroitesse de la vallée. Plus tard, sur les hauteurs de Saint Saturnin d’Apt en particulier, des moulins à vent sont venus palier à ce manque.
Le dernier, sur 4, des moulins à vent de St Saturnin d'Apt.Photo du Net.
Un peu d’histoire :
Entre 1546 et 1584, Aymard d’Astouaud, alors Seigneur des terres de Murs, fit édifier au débouché de la combe de la Véroncle un barrage destiné à fermer le ruisseau. Cet ouvrage désigné sous le nom de Barrage des Etangs laisse des traces encore visibles aujourd’hui. Sa réserve formait à la fois un petit lac de pêche et servait à stocker de l’eau servant à alimenter en énergie les dix moulins lors des périodes négatives en pluviométrie. Quatre de ces moulins sont situés sur le territoire de Murs et ont été bâtis dans la seconde moitié du XIX siècle. Le dernier s’arrêta de fonctionner en 1910 pour les raisons que l’on connaît.
Il n’en reste aujourd’hui que des ruines, à l’exception de celui des Etangs pour ce qui est de l’amont et du moulin des Grailles 1 pour l’un de ces derniers en aval. Ces deux vestiges du passé, proches aujourd’hui d’une voie de circulation ont été réhabilités en des habitations.
Moulin des Grailles 1.
Le moulin de l'Etang.
Le nom des moulins du plus haut au plus bas :
Le moulin des Etangs ( Murs )
Le moulin du Dévissé ( Murs )
Le moulin de la Charlesse Murs )
Le moulin du Puits de Cata (Murs )
Le moulin Jean de Marre II ( Gordes )
Le moulin Cabrier ( Gordes )
Le moulin des Grailles I ( Gordes
Le moulin des Grailles II ( Gordes )
Le moulin des Cortasses (Gordes )
Les deux moulins situés en Amont, celui des Etangs et celui du Dévissé ont été respectivement construits en 1581 et 1573. De nombreuses meules y sont encore visibles, notamment dans celui du Dévissé. D’autre meules ont également traversé les âges. Dans le moulin de Cabrier l’une d’entre elles est là en place sans doute depuis sa construction.
Meules du moulin Cabrier.
Il faut dire que les récupérateurs en tout genre auraient du mal à les sortir de leur logement et surtout à pouvoir les transporter pour en faire commerce.
La question reste posée quant à savoir comment elles ont été acheminées dans ces édifices, dont la plupart sont coincés entre des falaises ne laissant la place qu’à un sentier seulement praticable par les hommes et quelque âne ou mulet. Nous n’y avons pas vu de trace de carrière qui laisse à voir des extractions sur place ou à proximité des lieux, et qui par le fait auraient pu être roulées jusqu’à la construction pour laquelle elles avaient été choisies. Des sites de ce type de prélèvements se rencontrent dans les Monts de Vaucluse, dans les environs de Saumane ou dans les Dentelles de Montmirail par exemple.
Meule laissée sur place aux alentours des Dentelles de montmirail.
Contrairement aux moulins de Gordes qui appartenaient chacun à des particuliers, ceux de Murs étaient la propriété du Seigneur des lieux.
Les moulins de la Véroncle avaient en commun de fonctionner selon le système de ‘’l’éclusée’’. Leur arbre de transmission était vertical.
La plupart servaient à moudre des céréales qui étaient cultivées sur le plateau.
Moulin de la Charlesse: Modéle d'une entrée d'eau plongeante.
Un canal ( béal ) taillé dans la roche amenait l'eau vers une entrée plongeante.
____________________________
Je reviens à notre randonnée :
Je ne vais pas recommencer la genèse de la section des Galéjaïres de Barbentane, groupe avec lequel Josyane et moi randonnons depuis des années maintenant.
Paulette et René en restent les chevilles ouvrières. Marielle leur fille vient de prendre le relais pour de nouveaux projets, un nouvel élan, de nouvelles aventures dont la prochaine va nous conduire fin juin à Font-Romeu. Le groupe des Galéjaïres est une section de l’association Bellinto. Bellinto qui n’est autre que l’ancien patronyme de Barbentane, village du siège de l'association.
Devinez: Qui sont -ils?
Pour ce qui me concerne, notre adhésion aux Galéjaïres m’a permis de retrouver d’anciennes connaissances. Lors de nos randonnées, et quant la difficulté ne nous essouffle pas trop, le train de l’histoire nous conduit naturellement à parler de l’ancien temps. De celui où chacun y a des anecdotes à raconter.
La mémoire, cet outil à raviver les souvenirs, me ramène parfois aux calendriers des années fin 1950 où, avec mon Ami Marcel, * nous tentions de rallier à notre cause les bons sentiments de la Barbentanaise repérée comme pouvant nous consentir une attention privilégiée.
Frontaliers d’une commune voisine, c’est dans cette dernière que Marcel et moi y fûmes scolarisés. Cette particularité, bien que Barbentanais.....d'adoption pour ce qui me concerne, nous valu d’être vécus un peu comme des impurs aux yeux des autochtones, des natifs comme ils s'en prévalaient.
Effectivement, nous n’y avions pas fait nos armes sous les mêmes préaux d’écoles et dans les mêmes cours de récréation. Pas partagés les jeux qui amènent à une appartenance, à une appartenance à un groupe. Cette situation vécue comme marginale au regard de la tradition, ne nous favorisait pas pour une entrée en relation galante dont les garçons du village entendaient en gérer l’usage.
Une rivalité ancestrale entre les deux villages réveillait de temps en temps les sentiments belliqueux d’une jeunesse que des flux de testostérone mal contrôlés rendaient jaloux. Nous devions nous faire discrets dans nos approches et rester sur nos gardes quand un rapprochement considéré comme étant coupable et intrusif venait à naître. Le risque de nous faire secouer par quelques hurluberlus autoproclamés défenseurs de leur territoire n’était pas qu’une hypothèse. Ils étaient querelleurs tels de jeunes coqs investis dans une mission consistant à faire obstacle aux étrangers que nous étions à leurs yeux.
Quand un signal engageant prenait tournure, même en y écartant l’idée coupable de prendre le chemin du péché.......mentionné dans les Saintes Ecritures au neuvième paragraphe des commandements de Dieu *, une distribution de ‘’châtaignes’’ pouvait pleuvoir en représailles. Oser braver l’interdit, la censure des jeunes mâles locaux, nous a parfois valu une volée de bois vert !
Un sourire adressé et auquel le regard d’en face ne se détournait pas du votre, faisait office d’une marque d’espérance. Le premier pas, l’indice qui nous encourageaient à tenter la suprême audace d’une négociation par l’intermédiaire d’une copine, prenait alors le pas sur toute autre crainte. Audace qui consistait, pour la séance de projection à venir, à vouloir obtenir un fauteuil jouxtant celui de celle, dont quelques signes pouvaient laisser croire à un consentement de voisinage bienveillant. La réponse passait généralement par la même copine qui se faisait discrètement la porte-parole des potentiels tourtereaux. Cela se passait le plus souvent devant le cinéma du village où se regroupait la jeunesse du coin bien avant l’ouverture de la salle!
A l’époque, le travail d’abord demandait du temps au temps pour obtenir le premier baiser consenti. Car pour ce qui étaient de ceux volés sous de faux prétextes, ils se payaient par un retour de main en monnaies ‘’claquantes’’.
Je vous parle là d’un temps que les moins de……., mais revenons à la rando.
La randonnée était conduite par Marielle et le tout nouveau Thierry. En voila deux qui n’ont pas la jambe qui tremble. Il faut dire que la plupart d’entre nous n’avons plus l’allure des perdreaux de l’année et les ailes pour pouvoir emboiter leurs pas. Ils faut les voir faire les beaux avec leur foulée de jeunes premiers et tout ça pour ne pas arriver avant nous. Pour cause, leurs charges de responsables font qu'ils sont tenus de nous attendre.... Je souligne qu'ils le font gentiment.
Albin,.... pas facile de suivre Thierry.....!
Le départ choisi par nos guides s’est fait de Joucas. Magnifique village provençal situé sur la route de Saint Saturnin d’Apt à quelques kilomètres au Nord-est de Gordes.
Le village de Joucas. Photo de Thierry Riols.
À Joucas
Surprise. Les parkings sont pleins. Un vide grenier géant avait, malgré l’heure encore matinale, attiré un nombre impressionnant de vendeurs et de clients potentiels au point de nous voir refouler sur les bourrelets d’une vigne sise à l’entrée du village pour y garer nos véhicules. Peu importe nous étions là pour marcher. Alors les quelques centaines de mètres de plus au programme nous ont servi de séance d’échauffement avant la grimpée des calades qui conduisent au départ effectif de la randonnée.
Pas question de prendre le temps de chiner. Thierry, placé en tête de file se positionne en garant d’une cadence qui en exclue toute tentation. Comme pour en enfoncer le clou du regret, il m’est fait remarquer qu’un sujet rentant dans le cadre de l’une de mes collections figure en bonne place sur un étalage d’objets disposés pêle-mêle. Bien que tenté de vouloir en négocier le prix, je ne me voyais pas porter la statuette en question toute la journée dans mon sac à dos.
L'entrée effective dans les gorges se fait à partir du moulin des Grailles. Un sentier qui se faufile à travers une végétation dense nous amène rapidement dans le lit de La Véroncle.
Le paysage et l'ambiance y sont particuliers. Le fait de savoir que voila moins d'un siècle les ruines que l'on y croise grouillaient d'activités intenses une bonne partie de l'année, donne un relief affectif aux lieux. Nous pouvons nous imaginer traverser l'histoire. Celle des paysans, des meuniers, mais d'abord celle des artisans qui ont construit cette dizaine de moulins au fin fond de ces gorges encaissées.
Elle montre le travail des hommes, qui sans liaison routière, ont acheminé des tonnes de matériaux pour la construction de toutes ces bâtisses édifiées en pierres de taille. Les vestiges de ces ouvrages présentent toutes les qualités et les soins apportés à une esthétique digne des plus belles maisons. Les linteaux, l’encadrement des ouvertures sont ciselés en ouvrages divers, alors qu’il ne s’agissait que de lieux de travail saisonnier, à l’exception du moulin de Jean de Marre qui était habité et auquel jouxtait une petite exploitation agricole.
Ruines du moulin Jean de Marre.
Une niche taillée à même le rocher devait abriter la statuette d'une Sainte ou d'un Saint.
Quant aux meules, dont le poids pour chacune doit dépasser largement la centaine de kilos, je n’ai pas trouvé de réponse sur les conditions de leur transport. Même si à cette époque il y avait les ânes et surtout les mulets plus costauds et capables d’évoluer sur des sentes étroites, il est impensable de les imaginer porter de telles charges. La fonction des animaux ciblait plus précisément l’acheminement des céréales vers les moulins. Il s’agissait d’orge, de seigle de froment et d’épeautre cultivés sur les grandes surfaces du plateau qui dominent de part et d’autre les gorges. Plus largement, ces installations meunières broyaient également les récoltes des villages de Gordes de Joucas, de Murs et sans doute de bien d’autres encore. Ils en sortaient toute sorte de farine allant du grumeau à la plus fine pour la pâtisserie.
Sans parler d’un circuit purement sportif au sens athlétique du terme et bien que sécurisé, progresser dans les gorges met le randonneur face à quelques difficultés. Echelle, corde, câble et passages raides ont mis à l’épreuve les néophytes de l’escalade.
Parallèlement à notre groupe encadré par Marielle et Thierry, Paulette partait conduire les Galéjaïres sur le sentier du haut avec promesse faite de se retrouver pour un pique-nique, qui effectivement fut pris en commun et dans l'esprit habituel du partage. Chez les Galéjaïres, les Dames sont nos desserts, je veux dire offrent les ''gourmanderies '' et les hommes proposent diverses boissons aux aromes locaux. Par la suite, de nouvelles retrouvailles s’opérèrent sous l’un des grands chênes de Murs pour un retour vers Joucas ''touti ensén, ou touti dé coumpagnioù'' ( Tous ensemble ou avec toute la compagnie, tout le groupe )
Michel se mesurant avec l'un des grands chênes de Murs.
De retour, à peine le pied posé dans les calades du bourg, libéré des impératifs disciplinaires de Thierry, me voila parti au milieu des objets restant encore étalés dans ses ruelles et autres placettes dans l’espoir d’y voir parmi les invendus, la statuette dont j’en guignais l’acquisition le matin même. Nib et peine perdue….elle avait trouvé acquéreur.
Depuis je m’en suis consolé. Je sais avoir l’opportunité de pouvoir croiser à nouveau l’une des nombreuses répliques de ladite figurine dans les farfouilles qui fleurissent entre kermesses et autres animations estivales de la région.
Rencontre. Dans l'une des rues de Murs
Comme pour Henry IV, où Paris lui fut offert en échange d’une messe *, une rando dans les gorges de la Véroncle gagnait largement que j’accepte le risque de me voir doubler par un collectionneur concurrent. La comparaison valant pour le manant que je suis !.
Un puits campagnard.
Cette randonnée des moulins de la Véroncle présente un bel intérêt au plan culturel, architectural et technique quant à leur mode de fonctionnement.
Elle permet également, au deux tiers de son parcours, en dessous du barrage de l'Etang, de longer sur quelques métres le Mur de la Peste*
Pour ce qui est de son aspect physique, une série de coups de cul et de passages ''craignos'' en ont fait tousser plus d'un !
_________________________________
Notes
*. IL A ETE : Article du blog publié dans la rubrique des Nouvelles.
*. Neuvième commandemant de Dieu : Oeuvre de chair tu ne feras qu'en mariage seulement.
*. Propos qu'aurait tenu Henry IV quand il lui fut imposé de se convertir au catholicisme pour accéder au trône de France.
*. LE MUR DE LA PESTE, avec ''Les Esclops'' Article du même blog publié dans les randonnées pédestres.
Bibliographie :
Georges Truc. L'eau en Vaucluse. Ed du conseil général de Vaucluse. Avignon 1991.
_ Diverses informations prises sur le Net.
_ Les photos sont personnelles, à l'exception de celles citées de leurs propriétaires.
Le Ventoux raquettes aux pieds
Prétexte à un peu d'histoire
Le Mont-Ventoux.
Au-delà de ce qu’il véhicule comme légendes dans le domaine du cyclisme, du sport en général et de quelques exploits hors du commun, il est également connu pour avoir peuplé des siècles durant l’imaginaire des habitants des villages voisins, celui des écrivains de romans, alors que d’autres en retracent le récit de leur première ascension.
Le Mont-Ventoux devient à la portée de la connaissance des hommes sachant lire….le latin… grâce à Pétrarque, qui le 26 avril 1336 en fait une première escalade décrite dans un courrier adressé au moine Augustin François Denis, de Carpentras.
Si son ascension n’est pas mise en doute, la date parait trop avancée pour avoir pu en atteindre l’objectif final. Il est en effet probable que pour cette époque, sa cime était encore trop fortement enneigée.
Une confusion dans la correspondance des dates en serait l’explication. Sous Pétrarque, il s’agissait du calendrier Julien alors que le traducteur, quelques siècles plus tard, s’est servi de l’almanach Grégorien !
De même que la première trace écrite de l’ascension ne signifie en rien qu’elle fut la première commise par l’homme. En effet, son sommet révélera plus tard de la présence humaine bien avant cette date de 1336.
Dans sa lettre au moine, Pétrarque parle notamment d’un berger qu’il rencontra au milieu de la montagne et qui lui dit avoir été interrogé quelques saisons d’été auparavant par un homme cherchant un chemin qui le conduirait au sommet. Il s’agirait peut être du philosophe français Jean Buridan.
Le même berger atteste à Pétrarque avoir entendu, dans le cadre de la transmission orale, que ses aïeux, déjà, parlaient de rencontres avec des étrangers.
_ Munis de grands bâtons, sans chien ni bétail, semblant venir de nulle part, tous portaient des vêtements étranges. Ils en cherchaient le sommet dont les anciens disent que personne ne peut en revenir !
Fin du XIX siècle: Terrasse de l'ancien observatoire en hiver.
Bien plus étonnant encore. En 1882, des travaux destinés à l’aménagement de la première plate forme devant recevoir en son sommet le premier observatoire, ont permis de mettre au jour des poteries remontant….. à l‘antiquité. Une reconstitution réalisée à partir des fragments, a légitimé l’identification de trompettes faites avec de l’argile. Munies de deux anses, elles pouvaient se porter en bandoulière grâce à des lanières de cuir. Il s’agirait d’objets fabriqués par une civilisation pastorale. Ces objets attesteraient de la trace d’une occupation humaine temporaire du sommet du Mont-Ventoux…. déjà au tout début de notre ère.
Ce matériel pouvant émettre des sons très aigus, aurait eu pour vocation de vouloir dualiser avec les sifflements du Maître des vents qui balayait violemment le pays une grande partie de l’année. Rites exorcistes sans doute. Où manifestations bruyantes voulant couvrir le bruit inquiétant d’un souffle mystérieux, dont les hommes pensaient qu’il sortait des cavernes et qu’il était porteur de sortilèges.
Il faudra attendre 1518, soit près de trois siècles après celle du célèbre poète italie, pour que de nouvelles traces consignées apportent la preuve d’une ‘’ élévation ‘’ totale du géant de Provence par Joachim de Saze.
L’histoire raconte que la peste sévissant dans la région. Il fut alors demandé à cet homme, accompagné de Baudichon Falcon, courrier de la ville, d’aller brûler un cierge dans le cœur de la chapelle sommitale de la Sainte Croix.
C’est par hasard, qu’en 1936 fut retrouvée par le docteur Pansier, une lettre dans laquelle sont mentionnés en détail les achats opérés pour cette expédition. Cette lettre figure aujourd’hui dans les archives de la ville d’Avignon.
A partir du XV siècle, les écrits relatant des recherches et démarches en tout genre ayant pour champ d’investigation le Ventoux, se font plus courants et plus précis. Nicolas Fabri de Peiresc en 1632, passionné d’archéologie et de géologie, accompagné du R.P Athanase Kircher, polygraphe, astronome, inventeur de la lanterne magique ,en feront une ascension.... pour la science.
Plus tard, en 1778, le docteur Darluc entreprit d’y faire des études géographiques et botaniques. Dés lors, la réputation de la vaste biodiversité du Mont-Ventoux va attirer beaucoup de chercheurs et de savants venus de toute l’Europe.
Jean-Henri Fabre: 1829-1915, homme de science, naturaliste, entomologiste, vivant au lieu-dit l’Armas sur la commune de Sérignan du Comtat, ne cessera à partir des années 1850, d’en fouiller ses pentes à la recherche de sa population d’insectes, d’oiseaux et de vouloir en répertorier ses nombreuses plantes. Certaines s’avèreront être identiques à des espèces rencontrées sur le rivage du Spitzberg, comme le saxifrage à feuilles opposées.
Le Saxifrage à feuilles opposées.
Pour ne parler que des espèces les plus surprenantes, il y rencontrera au cours de ses soixante ascensions dénombrées, le petit pavot velu à corolle jaune que l’on trouve exposé coté nord à l’approche de son sommet, et dont l’identique s’aperçoit dans les solitudes glacées du Groenland et du Cap Nord.
Pavot velu à corolle jaune.
En 1996, sur le versant nord, aux alentours de Brantes, des ossements d’ours bruns de type caucasien y sont découverts dans une grotte. Ces squelettes remontent à l’époque de Neandertal. Suite à d’autres recherches, d’autres ossements mis au jour ont permis de recenser plus de cinq cents individus, ce qui en fait l’un des gisements les plus importants d’Europe. L’ours brun, dont l’habitat de situait sur le flanc nord du Mont-Ventoux n’a disparu des lieux qu’au tout début du XX siècle.
Mille plantes, dont quatre cents genres floristiques et plus de cent oiseaux différents, figurent sur le répertoire des observateurs et scientifiques spécialistes du Mont-Ventoux.
Aphyllantes de Montpellier.
De nos jours, le Mont-Ventoux héberge des espèces giboyeuses du front alpin, et d’autres appartenant à l’espace méditerranéen. Lièvres, perdrix rouges, chamois, biches, cerfs, chevreuils, sangliers y sont débusqués selon des règles et des critères réajustés à chaque saison de chasse.
Le mouflon, le blaireau, la fouine, le renard sont également présents. Une multitude de rapaces dont le Circaéte Jean-le-Blanc ont réintégré le massif boisé. Le loup y a sans doute retrouvé refuge. Un sujet formellement identifié a été abattu accidentellement sur la commune de Bedoin en 2012 !
Le Circaéte Jean-le-Blanc.
_______________________________
Le Mont-Ventoux et quelques uns des ses caractères :
L’observatoire météo :
Un première construction remonte à 1882. Le bâtiment actuel a été édifié en 1966. La hauteur de sa tour est de 42 mètres, laquelle est surmontée d’une flèche de 20 mètres. Ses installations sont affectées à la base militaire de Orange-Caritat.
Le Radôme :
Grosse boule de béton implantée en 1995 sur son arête occidentale. Le Radôme est sous la responsabilité de la direction générale de l’aviation civile. Il protège un radar, lequel assure avec une vingtaine d’autres stations décimées sur le territoire français, la sécurité de notre espace aérien.
La chapelle Ste Croix.
Sa première construction date du XV siècle sur décision de l’Evêque de Carpentras et neveu du Pape Sixte IV. Détruite pendant les guerres de religion, elle sera reconstruite en 1701 sur ordre de César de Vervins, prêtre Avignonnais.
Le Mont-Ventoux et ses exploits sportifs hors du commun :
* Un premier marathon est organisé pas l’union sportive de Carpentras en 1908.
Les premières courses d'engins à moteur.
* Le 7 août 1921, à l’occasion d’une course automobile, Gustave Daladier pose un petit avion sur un plateau sommairement aménagé au col des Tempêtes.
* 1962 : Jean Bouteille, 70 ans, professeur à la retraite, fait l’ascension du Ventoux par Malaucène sur un vélo….dépourvu de selle en 1 h et 54 minutes. Les spécialistes apprécieront l’exploit qui réside à tout faire ''en danseuse'' !. Dans la foulée, il le redescendra à pied en 1 h et 19 minutes.
* Pour faire dans l’originalité, en 1983, André Derve de Valréas le grimpera avec son triporteur pesant….52 kilogrammes !
Le Ventoux se monte également à rollers, à skis à roulettes, en courant en marche arrière et peut être bientôt sur….les mains…
* Ne nombreux records de son ascension à vélo sont inscrits dans les registres officiels :
* Michel Robert, ancien coureur de catégorie Elite, aujourd’hui marchand de cycles à Avignon, le grimpera 9 fois en 22 h par son versant sud, entre le 31 juillet et le 1er aout 2005.
* 2006 : Pascal Roux et Stéphane Rubio, avec 11 ascensions détiennent aujourd'hui encore le plus grand nombre de grimpées en 24 h.
* 2009 : Isabelle Esclangon reste titulaire du record féminin avec 8 ascensions successives par Bedoin.
* Le Mont-Ventoux détient un record de la vitesse du vent : 320 K.H par vent du sud et 313 K.H par temps de mistral. Relevés datant de 1967.
_________________________
La partie raquettes.
**** Pour ce qui me concerne et bien qu’ayant gravi le Mont-Ventoux plus de cent fois à vélo, l’ayant pratiqué en randonnées sac au dos et chaussures de marche ou encore équipé de raquettes ou de skis, je n’y ai pas d’autre quête que celle du plaisir d’en refaire ses chemins, d’en remonter ses combes et, à l’occasion, d’en photographier certaines de ses particularités.
Je laisse donc le soin aux chercheurs de chercher et aux écrivains de trouver des sujets les amenant à lui découvrir des histoires singulières.
Cette années 2014, courant janvier et février, de nombreuses chûtes de neige ont permis d’en recouvrir ses pentes bien en dessous du Mont-Serein pour sa face nord et quelques centaines de mètres en aval du Chalet Reynard, pour le coté sud.
Accompagné de Bernard et de Hubert, également compagnons de route pour ce qui est du vélo, ma première randonnée de la saison s’est faite par le sud.
Le froid piquait au vif mais le temps était au beau. Le soleil donnait une brillance particulière aux cristaux de neige gelée. Le Mont Pelé, ainsi désigné pour ce qui est de sa calotte sommitale, se présente à nous telle une carte postale, une invitation au partage et à la découverte. Le vent, qui plus de deux cents jours par an en balaie brutalement sa crête, ce jour là s’était fait clément pour nous. Il ne soufflait pas, mais les traces de son passage en avait statufié les arbustes et les poteaux de signalisation.
Vue de l'ancienne station météo et de la chapelle Ste Croix.
La façade des bâtiments du sommet, exposée au nord, était incrustée d’une telle quantité de paillettes givrées, qu’elles en cachaient le revêtement d’origine. Le spectacle est surréaliste au point de ressembler au travail de Christo.
Le départ se fait du chalet Reynard. Nous empruntons sur quelques centaines de mètres le tracé du téléski. Ensuite, Bernard nous entraine côté droit pour arpenter des terrains sans trace, en vue de nous faire découvrir le Ventoux dans ce qu’il a de plus sauvage. Celui que les milliers de cyclistes qui viennent y faire leurs armes de grimpeurs, ne verront jamais.
Dans cette ambiance d’aventurier, chaussé de mes raquettes, je suis ramené un instant aux lectures de mon adolescence. À cette époque, où privé de tout loisir faisant appel à un déplacement ou à un caractère onéreux, je partais à la conquête du grand nord grâce à Jack London et à Olivier Curwood. Miracle du virtuel, mes chevauchées étaient sans limite et contrairement à aujourd’hui, le souffle ne me manquait pas.
Au moindre dévers, raquettes aux pieds, la marche devient difficile et douloureuse pour les chevilles. Il faut, à chacun de ses pas, soulever haut la jambe afin de se dégager de la trace parfois profonde dans laquelle régulièrement l’on s’enfonce. Cependant, malgré ces difficultés, le bonheur est au présent. Où chacun des points d'observation rencontrés sur le chemin, nous transportent tantôt sur le Vercors ou sur les Alpes qui nous paraissent pouvoir être touchés du doigt. Par temps clair, l’on peut même y apercevoir le sommet du col de Meyrand, au pied duquel s’abrite Loubaresse, le village où est né mon Père.
Je suis là dans un voyage permanent. La nature et le calme réveillent en moi tout un monde qui se révéle à nouveau en moi. Une émotion, une image, remettent en route le fil d’une histoire, ou m’apportent les éléments pour celles que j’écrirai plus tard.
Hubert voudrait bien pouvoir couper court, mais !
Si pour atteindre son sommet à vélo l’effort reste constant, raquettes aux pieds il n’en est pas moins difficile. Ce premier jour, la dénivelée positive devait approcher les cinq cents mètres, ce qui suffit largement à me mettre en sueur.
La station du Mont-Serein.
Pour nos deux sorties suivantes, Bernard nous a guidé sur la pente nord. Dure journée que celle où la chausse de nos prothèses ‘’piètales’ ’se fit au départ du sentier conduisant au col du Comte, en dessous du niveau du Mont-Serein. Près de 800 mètres de montée en positif me firent prendre conscience de l’état de ces parties du corps qui se résument en articulations et en muscles.
Vint ensuite la rando’ au départ de l’un des parkings de la station. Cette dernière fut écourtée dans sa phase finale. La semelle de l’une des chaussures à Hubert s’étant subitement mise en ….éventail !.
Un grand merci à Bernard, dont je viens d'apprendre ses origines briançonnaises. Région que personellement je découvrais en 1958, en qualité d'infirmier militaire dans l'hôpital qui se situait en bas de la Grande gargouille, aujourd'hui mairie de la ville haute.
Quant à Hubert où sur le vélo, il me grille sans forcer, je l’ai vu, tout comme moi, tirer la langue pour tenter de suivre notre guide montagnard.
____________________________
Pour les photos : Hubert, Bernard et….ma pomme. Certaines d’entre elles, proviennent de fichiers internet.
Bibliographie : Le Mont-Ventoux de Georges Brun, aux éditions le nombre d’or : Carpentras 1977.
Complément d'informations pris sur la toile.
__________________
Randos'Vanoise….suite et fin
Le refuge des Evettes. Photo prise lors d'un précédent séjour.
C’était au cours de la dernière semaine de juin dernier. J’ai voulu débuter le programme des randonnées par l’incontournable refuge des Evettes et l’approche de sa vallée glacière.
Ne pas fouler le sentier de la Reculaz et plus haut, sauter le petit pont de pierres qui permet d’enjamber le départ de son lit, serait me priver d’un élément essentiel pour ce qui concerne la réussite de mon séjour. En fait plusieurs souvenirs sont liés à ce parcours et font qu’il reste pour moi beau à plein d’égards.
Il est, concernant son refuge, celui où pour la première fois, j’y ai conduit mon fils pour l’étape précédent sa première marche équipée de crampons et d’un piolet.
Le pont de la Reculaz: Photo prise lors d'un séjour précédent
_____________________________
Texte extrait de lettre à Jules, roman dont j’ai signé le titre aux éditions de l’Ephémère en 2010. Dans ce livre dédié à Jules, l’un de mes petits fils, et alors que sa grand-mère et moi le conduisions vers le refuge, je lui racontais ce souvenir à propos de son oncle.
C’était en 1989, l’année de ses treize ans. Nous avions laissé la voiture à l’Echo, à l’abri des quelques maisons de ce hameau qui est là depuis des siècles accroché aux pentes de L’Iseran. Le soleil, en partance pour un autre monde déclinait déjà sur l’horizon. Sac à dos fixé sur les épaules, deux heures de montée, nous conduisirent pour un moment de repos au refuge avant l’ascension finale. Après un court sommeil perturbé par les va-et-vient qui ont toujours agité les dortoirs de ces maisons de montagne, debout au milieu de la nuit, nous voila occupé à passer en revue le matériel et à refaire l’inventaire de notre équipement.
À la lumière de notre frontale, la pose des crampons, modèle que l’on fixait encore avec des lanières, présentait déjà une difficulté pour un néophyte. Il fallait respecter à la lettre le schéma de leur ‘’ficelage’’ sur les chaussures, au risque de les perdre avec tous les soucis que cela généraient pour les remettre en place dans des conditions rendues parfois périlleuses. Déganté pour les besoins de la procédure, l’altitude rendant la température hivernale, engourdissait les doigts au point de rendre nos gestes imprécis et maladroits.
La neige durcie craquait sous les meurtrissures des lames d’acier. Aperçu du travail et prise en compte des conseils de Bernard , notre guide. Apprentissage de ce pas lent et régulier qui se veut spécifique à la progression du montagnard afin de ne pas emballer son rythme respiratoire. Bien que bon randonneur et pratiquant l’escalade à un niveau respectable, mon fils découvrait ce nouvel exercice qui reste singulier à bien d’égards.
Je le remarquais attentif aux consignes. Une main énergique tenait le piolet. L'autre maintenait la corde tendue ou relâchée, en fonction de la dangerosité du passage à franchir. Le voir évoluer dans ce milieu , entre crainte et émerveillement, être avec lui, faire équipe dans cet exercice qui reste exceptionnel, me le faisait découvrir autrement que dans le train-train de notre vie familiale.
La marche sur glacier demande un apprentissage dont la technique ne se retrouve nulle part en autre pareille. Elle s’accomplit dans la maîtrise d’un effort qui se veut spécifique à son type de progression ,et au regard des risques qui peuvent survenir à tout instant. Cette activité ouvre sur une prise de conscience d’un environnement magique, mais dont l’homme doit se méfier dans l’intérêt de sa propre survie.
Riche fut cette expérience, et grande la satisfaction d’avoir pu fouler avec mon fils ce type d’espace au passé vieux de millions d’années. Où la confiance se raisonne comme étant le lien essentiel, indispensable pour que soit garantie la sérénité du moment.
fin de citation
___________________________
Ce 24 juin dernier nous ne vîmes pas le refuge des Evettes, une tempête de neige nous stoppa aux deux tiers de la montée.
Au départ, déjà le temps était ‘’vinaigre’’’. L’envie, le désir peuvent alors devenir aveuglant au point de vous faire faire l’autruche et passer outre ce que le bon sens, pourtant vous dicte. Par prudence, j’avais tout de même opté pour l’itinéraire le plus facile, celui qui monte droit face à l’Echo. Au panneau indiquant le raccourci qui part sur la droite, de lourds flocons laissèrent entrevoir le type de condition que nous allions rencontrer plus haut.
Peu avant le renoncement !
Il y a comme celui là, des indices qui ne se démentent pas. Effectivement, la densité avec laquelle s’est mise à tomber la neige, laissait peu d’espoir à notre caravane d’atteindre son but sans équipement approprié et bien que nous en étions tout proche.
Il ne restait qu’un grand mamelon à contourner pour se retrouver le long du ruisseau qui prend sa source au fond de la vallée glacière. Le sentier qui conduit au refuge se prend alors sur la gauche, juste avant de descendre en direction du lac. Vingt minutes, une demie heure dans les conditions du jour nous auraient permis de conclure… mais…mais.
Une fois redescendu au parking, le groupe de José, qui ce jour là s’était joint à nous, est reparti en direction des chalets de la Druis située dans une vallée que le mauvais temps avait partiellement épargné. Pour ce qui est des ‘’ miens ‘’, nous fîmes la visite de Bonneval sur Arc et de l’un de ses établissements…….. où il se sert du chocolat chaud. Compte tenu de la température extérieure, il s’avéra être une boisson de circonstance et de…….. saison !
Vues de Bonneval sur Arc
Le Village de Bonneval, situé au pied même du départ du col de l’Iseran, est jumelé avec les Baux de Provence. Aucune antenne ni fil électrique ne viennent en polluer le paysage car…….enfouis dans le sol.
Pour ma part, j’ai clôturé la journée en photographiant certaines curiosités des environs dont je vous propose la découverte ou……. la redécouverte…ou la visite sous un angle qui m’est propre. ( Photos auxquelles j’en ajoute certaines empruntées à mes camarades.
___________________________
Conclusion
Cette semaine passée en Vanoise me laisse le souvenir d’un excellent cru. Je crois savoir également qu’elle n’a pas laissé indifférent les membres du groupe qui m’a fait confiance quant au choix des randonnées que je leur ai proposé. Certes, à deux reprises, le temps nous à contraint à modifier l’itinéraire prévu. Pour certains (es ), ces circonstances leur ont permis de toucher du doigt que la neige pouvait tomber drue….même en été.
Dans un tout autre domaine, les ‘’bleus’’ ont également pu remarquer, et malgré les efforts fournis tout au long de la journée, l'efficacité du groupe des habitués dans leur capacité à organiser des ‘’après randos’ dont ils ont le secrêt !
En effet, avant le repas du soir, les rassemblements de mise en appétit préparés devant les chalets nous hébergeant, n’ont laissé personne partir à table la gorge sèche !
Je vais également garder le souvenir de ces dames et de la cheftaine du maniement du bâton de marche, utilisé pour l’occasion comme accessoire de pom-pom girls. Alignées sur la terrasse, elles nous offraient en spectacle leurs répétitions du lancer d’ustensiles, dont certains des atterrissages firent fracas au milieu des verres !
Au cours des veillées, il y eut des coinches mémorables où sous les effets désinhibiteurs de la prune d’Eric, Jean se lança dans des enchères improbables quant au résultat de ses annonces.
_________________________
J’ai , pour ma part, eu un grand plaisir à conduire ce groupe. J’en connaissais l’essentiel de ses membres et pour ce qui fut des novices, ils se sont faits au moule de mon fonctionnement et à mes rouspéteries récurrentes quand il s’agissait des retardataires à l’horaire fixé pour les rendez-vous….par exemple !
À ce propos et à quelques autres, il s’est même entendu traité d’adjudant, le guide. Il a su faire la sourde oreille face à certaines jérémiades, sans pour autant changer d’un iota sa façon de faire. Car le guide qu’ils.... avaient choisi est ainsi fait. Il est, entre autres exigences, un obsessionnel de l'heure. Pas facile d'obtenir de la part de ses camarades, vacanciers, de monter le réveil!
__________________________________________
Malgré un temps presque hivernal, Lanslebourg et ses environs ont encore une fois ravis les membres coutumiers des lieux. Celles et ceux qui en étaient à leurs découvertes, ils n’ont pas eu à regretter leur choix. Ils ont pu admirer des paysages et des sites remarquables. Il y ont apprécié l’accueil des personnels du C.I.S*, dont les prestations de qualité ne se dénient pas depuis que j’en connais l’existence.
* C.I.S : Centre international de séjour. Maisons dont il en existe plusieurs en France et qui sont gérées selon la loi associative de 1901.
30 juin 2013: En route pour le sommet du col de l'Iseran
Chapelle au sommet du col de l'Iseran
Sur la route de Bonneval. Vieille ferme abritée de son paravalanches
____________________________
À suivre prochainement.
L’histoire de Flambeau : Un chien de légende.
J’ai découvert l’histoire de Flambeau cette semaine du 4 au 11 janvier 1989 lors d’un séjour neige à Lanslebourg. Séjour que j’effectuais avec les enfants des écoles primaires de Morières les Avignon en qualité d’accompagnateur ski.
Il s’agit de l’histoire d’un chien vaguemestre qui déservait le fort militaire de Sollières et dont la vie remonte aux années 1930. Son existence a laissé de telles traces dans le cœur des hommes qu'ils lui ont fait ériger un monument dans la rue principale de Lanslebourg.
Randos’ en Vanoise... suite
Le barrage de Plan d'Amont.
Les lacs artificiels de Plan d'Aval et de Plan d'Amont.
Vers le refuge de la Dent Parrachée
Qui a dit que nous étions en été !
Depuis que nous sommes arrivés en Vanoise, à part quelques heures dispersées ci et là dans la journée, rien n’est vraiment conforme à une saison d’été. Je rappelle que j’y promène mes chaussures de marche et mes skis depuis…….1984, et pour ce qui est de la saison estivale, je n’y ai jamais rencontré pareille semaine quant aux conditions climatiques.
Aujourd’hui, encore, le temps n’est pas de la partie. Le ciel ne dit rien de bon. Compte-tenu de cet élément, la rando’ prévue doit être revisitée à la baisse, à la fois sur son itinéraire, mais également au niveau de sa difficulté.
Le premier objectif visé était La Croix D’aussois et si possible la Cime de l’Observatoire à 3015 mètres. Au regard des indices que nous apportent certaines informations visuelles, il n’est plus question d’imaginer pouvoir satisfaire cette ambition. En altitude, les couloirs sont trop enneigés pour monter sans un équipement approprié. Plus bas, les passages qui habituellement se font à gué sont inondés. La décision de changer de cap s’impose alors d’elle même.
_____________________
Après avoir laissé à main gauche le sentier qui monte au col de la Masse, après être passé sur le pont de bois sautant l’un des ruisseaux qui alimentent le lac amont, nous abandonnons définitivement l’itinéraire initialement prévu. Direction est prise vers le refuge de La Dent Parrachée.
Un vent glacial nous oblige à nous vêtir d’une tenue chaude, dont fort heureusement chacun est équipé. Comme en plein hiver, l’onglée nous paralyse les doigts malgré de bons gants. Bonnets et anoraks ne sont pas superflus pour lutter contre les morsures du froid. Le climat de la haute montagne est là, aujourd’hui, pour nous rappeler aux fondamentaux du randonneur.
Le pas est lent, le regard se doit d’être attentif est précis car le terrain est glissant. Le groupe est muet. Alors que d’autres ont pris les devants, quelques inquiétudes se manifestent parmi les retardataires. Les esprits doutent au point de devoir rassurer les soucieux, les fatigués, les nouveaux.
À présent le brouillard bouche la vision qui réconforte quand la vue porte au loin. Quand on peut entrevoir ou imaginer le point qui mettra un terme à l’effort à consentir.
Bien que le sentier soit balisé correctement, la consigne veut que les premiers attendent à tous les changements de direction. Les regroupements évitent de marginaliser les marcheurs plus lents. Le temps de quelques longueurs…….. ils se sentent à nouveau appartenir à l’équipe.
Les habitués de ce type d’organisation ne me démentiront sans doute pas sur le sujet, tant il est difficile de faire un groupe homogène et ce pour différentes raisons. Outre la condition physique, élément à prendre en compte et qui détermine pour partie l’allure, il y a pour d’autres sujets, la recherche d’une quête qui se veut personnelle, voire spirituelle. Il y a également les photographes. Il y a les botanistes qui s’assurent de leurs connaissances en cherchant la bonne page de leur répertoire floral. Il ya les ‘’coursseurs’’ de marmottes, il y a…., il y a…...
Même si le refuge reste caché par la brume, des signes annoncent sa proximité. Une corde faisant office de main courante assure la montée d’un long névé. Des guirlandes constituées de petits drapeaux de type tibétain sont autant de messages qui précisent………….….enfin notre cible.
L'équipe des féminines au refuge de la Dent Parrachée.
Au refuge de la Dent Parrachée, la présence de cette guirlande particulière aux Andes n’est pas fortuite. Ce gîte d’altitude a la particularité d’accueillir régulièrement un sherpa en formation. Il est, là, mis en situation d’apprentissage de la technique des guides français, mais également pour maitriser la langues en vue de travailler plus tard à l’encadrement d’une clientèle francophone dans son pays.
_________________________________________
Texte pris sur internet à la rubrique : "" Le refuge de la Dent Parrachée.""
__________________________________________
Le retour vers le Fond d’Aussois, pour rejoindre le parking du barrage, se fit en partie sous une averse de neige. Malgré le mauvais temps, l’équipe a su garder le bonnet haut, faisant tête à une adversité….. que d’autres découvraient.... comme un événement.
Dans le Fond d'Aussois
______________________________
Souvenirs …souvenirs.
L’accueil dans les chalets de la Vanoise, en tous les cas pour ce qui me concerne, ne m’a jamais déçu. Comme dans beaucoup d’autres, j’ai fait étape et dormi autrefois dans celui de la Dent Parrachée avant d’aller y ‘’faire son sommet glacière ’’.
Nous étions trois à conduire un petit groupe de jeunes personnes prises en charge dans le cadre de soins hospitaliers. Nous les avions préparé à la montagne et malgré un entrainement sérieux, certains se sont rapidement trouvés en difficulté, à cause de l'altitude en particulier. L’objectif, longuement muri, ne pouvait souffrir d’un échec. La course fut rude. Larmes et colères se mêlèrent, traduisant alternativement des actes de démission. Au terme de la réflexion et d’un rappel de l'objectif, pause après pause, ils rebondissaient se promettant les plus folles récompenses dès leur exploit accompli.
Après quelques encouragements, voir un visage défait s’illuminer à nouveau ne se traduit pas. Cela se vit à deux, en retrait du groupe, dans des échanges intimes, dans l’accueil de la souffrance qui vous est exposée sans pudeur, sans retenue de vocabulaire. Le partage d’une gorgée d’eau, d’une barre de céréales, un regard, un geste affectueux, se convertissaient alors en second souffle. Dans le pierrier qui conduit au pied de l’espace glacière, doucement, tout doucement, les muscles endoloris remplissaient à nouveau leur fonction pour aller plus loin, un peu plus loin.
Comme par magie, une fois encordé, rassuré sans doute par la proximité de son accompagnateur, transcendé par la beauté mystérieuse de l’environnement que la levée du jour colorait de mille facettes, valorisé par le sentiment de l’exploit, il est arrivé. Ils sont tous arrivés au sommet de leur Himalaya.
Une cordée d’Italiens était parvenue avant nous au sommet. Dotés comme à la parade d'un matériel dernier cri, ils s’apercurent rapidement que nous n’étions pas une équipée de montagnards classiques. Ils firent un triomphe à nos jeunes, dont les manifestations de joie firent échos au loin.
Il a comme celui là, des moments où pour rien au monde l’on voudrait donner sa place......C'était en fin des années 1980.
La Dent Parrachée
Le sommet de la Dent Parrachée vu du centre international de séjours de Lanslebourg, où nous séjournions.
La suite......prochainement !