LE GRAND JOUR. (R )
Mon temps d’éveil consécutif au vacarme provoqué par le bruit du tonnerre et de l’eau, que le ciel déversait sur ma toile de tente, c’est vu comblé par les images rencontrées sur le chemin parcouru depuis mon départ de Thonon. Je rappelle que le bilan que j’en tire à cet instant est sans tâche. L’entente dans le groupe est des meilleures et aucun pépin notable n’est venu perturber, à ce jour, la bonne marche de notre organisation. Les paysages traversés, dont les plus beaux sont fixés sur la pellicule de mon appareil photos, resteront à jamais des cartes postales rangées dans l’album de mes souvenirs.
Notre cohabitation est une première, et sans que cela soit une surprise, une ambiance de sympathie mutuelle s’est spontanément installée au sein de notre petite communauté. Si Pierrot et moi avons, ensemble, une longue expérience du partage de la route, le voisinage avec les autres membres de l’équipe est nouveau dans le domaine de ce type de proximité.
Porté par un projet collectif, mûri par les réflexions personnelles que chacun a pu exprimer, l’engagement fait en connaissance de cause est devenu en toute logique un objectif communautaire.
Le groupe ne souffre d’aucune concurrence, si ce n’est celle toute amicale que nous opposons à Bernard pour ce qui concerne le très symbolique maillot à pois. Ce qui, à priori, peut laisser croire à un sujet à problèmes, s’est vu transformé en une succession de scènes théâtrales toujours comiques. Leurs préparations donnaient lieu à des provocations, des intimidations. Tout cela respirait bon la farce, même si une fois l’ultime démarrage lancé, le provocateur se devait, le temps du sommet franchi, être à la hauteur de son défi, afin garder bonne figure. Si à quelques occasions, et cela fut pour chacun de nous le cas, un jour ou l'autre, les causes de l’échec ont toujours été expliquées sur le ton de l’humour, de l’excuse bidon, jamais sur celui de l’amertume. Jamais, durant ce qui était devenu bien plus un jeu qu’un enjeu, il n’y eut de manifestations de mauvaises humeurs. Le verbiage à outrance, la mise en boite, les commentaires au ton exalté refaisaient surface le soir au restaurant. Sans modération, ils animaient nos soirées et celles des clients, dont certains prenaient part au spectacle. Parfois, la comédie que nous entretenions par une joute oratoire bruyante, nous accompagnait sur le chemin du retour à nos toiles. Emporté par notre gouaille, ils nous arrivaient alors de dépasser les règles de la convenance. Ces moments d’égarements, et même si nous prenions le soin de nous installer à l’écart de la foule des campeurs, nous attiraient alors des remontrances de ceux pour lesquels la nuit avait déjà commencé.
19 Juillet au matin, il fait un temps radieux.
De Livigno à Prato Allo Stelvio
Aujourd’hui, c’est l’étape monstre, celle qui va enregistrer l’addition au total le plus haut dans le domaine de la dénivelée. Au menu des entrées, la carte nous place en premier plat, la Passe del Eira, puis celle du Foscagno. Le Stelvio, plat de résistance s’il en est un, se situe au rang du dessert, en fin de parcours.
Les notes d'Hubert qu'il prenait en roulant.
De même, il faisait des photos sans s'arrêter de peur de se voir distancer et de perdre ses chances de pouvoir disputer sa place au sommet des cols!
Nous savons tous que cette étape ne sera pas neutre, que face aux annonces faites depuis des semaines en ce qui me concerne, et depuis hier par Bernard, la bagarre aura bien lieu. J’imagine déjà ce que seront les mises en scènes autour de nous et je sais d’autre part qu’il y a des contestataires à mes prétentions ! Ma méfiance devra donc se porter, non seulement sur Bernard, mais sur l’ensemble de ceux que je considère aujourd’hui comme étant des rivaux potentiels.
À défaut d’être des amis de longue date, nous nous respectons les uns les autres, cela va de soi, mais je ne les crois pas disposés à m’offrir le gâteau et la cerise, sans m’avoir mis en situation de les mériter! Je connais leurs ruses redoutables pour avoir été l’un des leurs dans des stratégies d’attaques lors des jours précédents. Attaques qui visaient Bernard, afin de lui montrer notre détermination à vouloir le contrer. Leurs malices mises de concert peuvent entraver ma route. Je les sais coquins, farceurs, éléments de nature à mettre de l’ambiance, mais également dangereux pour l’objectif que je vise.
Pour paraphraser Philippe II Le Hardi, qui lors de la bataille de Poitiers, s’adressant à son père Jean le Bon que les Anglais entouraient et menaçaient de toute part, je vais devoir me garder à droite et me parer des attaques pouvant survenir de ma gauche tellement je pressens des machinations possibles et dont je pourrais bien être la cible !
Le départ se fait à douce allure, la prudence est de mise. Le Passo del Eira se profile à l’horizon. Il est à 2208 mètres, de quoi nous amener à être raisonnable. D’autant plus qu’il sera, après la descente, suivi du Passo di Foscagno à 2291 mètres. La route est longue mais les pourcentages ne sont pas méchants. Je ne vais pas recommencer dans la description des paysages que nous traversons. Sachez seulement qu'ils sont beaux. Depuis trois jours, les montagnes présentent des sommets neigeux dont la luminosité éclaire nos ascensions.
Rencontre insolite, une aubépine en fleurs à plus de 2000 mètres d'altitude !
Je devrais le taire pour m’éviter d’être pris pour un parano, mais dans cette ambiance je me trouve être l’égal du roi du monde. Je baigne dans un bonheur total. Moi le bavard, le turbulent, je m’isole soit à l’avant ou décroché, pour vivre ce moment en égoïste, pour me l’approprier, le fixer à tout jamais dans cette mémoire qui me permet, encore, des décénies plus tard de vous en restituer le vécu. Mémoire aujourd’hui secondée grâce à l’aide des notes prises sur le vif et à celles empruntées pour la circonstance au livret rouge d’Hubert.
Par des montées, des descentes interminables, des toboggans à l’échelle surdimensionnée, la route nous rapproche d’immenses montagnes qui se profilent à l’horizon. C’est un peu avant le sommet de Foscagno qu’une crevaison arrête la caravane. Gérard, monté sur des pneus fins se retrouve à rouler sur la jante. Il est, avec Georges, le plus calme de notre tribu. Présent et participatif sûrement, mais il reste toutefois dans le registre de la discrétion, contrairement à d’autres, dont je fais partie. Ceci dit, je le sais complice d’Hubert et quand il s’agit de mettre le feu aux poudres il n’est pas le dernier pour enfoncer le clou. Je vais m’en méfier dans le Stelvio, où pour faire diversion il peut avoir l’idée de s’échapper et je le sais capable d’aller au bout.
Le bas du col nous offre une aire de pique-nique dont nous profitons avant d’aborder le dernier obstacle, que dis-je ? L’Himalaya du jour. Des tables, des bancs représentent un véritable luxe pour les espèces de vagabonds que nous sommes au milieu de touristes italiens tirés, eux, à quatre épingles. Les transalpins, même sur l’herbe se veulent élégants. J’en ai vu en cravate, manger sur des nappes brodées, serviettes assorties et vaisselle en porcelaine. Certains poussaient le raffinement à boire dans des verres à pied, qui posés sur un sol instable, donnaient une image prêtant à rire !
Je revois la tête que faisaient les enfants propres comme des sous neufs, nous regardant piocher notre nourriture avec les doigts et moi boire dans mon car en aluminium, culotté par des reliquats de café et de boissons de toutes sortes. Qu’ont dû penser ces gens de moi, de nous, à me voir boire dans ma timbale tirée des stocks d’un matériel réformé provenant sans doute de la guerre d’Indochine ? À tout vous dire, cela m’importait peu, ma conscience était ailleurs. Elle vivait les moments d’un luxe que je m’offrais et dont leur esprit était sans doute à mille lieux d’imaginer.
Pour nos repas champêtres les achats se faisaient généralement la veille au soir au village étape, parfois même dans le petit commerce du camping. Selon les exigences des becs fins du groupe, il nous fallait trouver un plus grand magasin. Je me souviens d’une envie de l’un des camarades qui avait, un jour, voulu manger à tout prix du saumon fumé dans son sandwich !
D’un havre de verdure, d’un air rafraîchi par l’eau du ruisselet qui bordait l’aménagement de notre coin dînatoire, sans transition, une atmosphère de fournaise nous saisie dès notre bicyclette enfourchée. L’air du fond de vallée qui nous conduit d’abord vers Valdidentro est pesant, lourd. Lente montée vers les masses imposantes de plusieurs montagnes, sans encore savoir celle sensée devoir nous accueillir pour notre passage. Elles se dressent face à nous dans une attitude insolente, dans une posture semblant vouloir nous mettre au défi d’en accrocher leurs pentes. Contrairement à La Maloja qui laissait voir, bien dessinée devant nous la route qu’elle nous proposait, ces montagnes là ne laissent rien apparaître d’un tracé permettant de les gravir.
À l’approche de Bormio la situation s’éclairci. Une cime se devine, se distingue des autres. Son profil, rendu familier par la documentation qui nous a servi à la préparation de ce raid, ne prête à présent plus à la confusion. Le morceau du roi, celui qu’il va falloir chercher en son sommet est là, devant nous.
Si cela peut s’évaluer en dépense physique, le Stelvio, abordé après deux ascensions majeures dans la journée, représente, en terme d’effort, bien plus qu’un Ventoux compte tenu de son altitude. Au dessus de 2000 mètres la carburation est plus difficile et là, l’escalade frôle les 2800 mètres. De son pied à la ligne de bascule il y a une vingtaine de kilomètres pour 1532 mètres d’une dénivelée à près de huit pour cent de moyenne.
Il fait chaud, très chaud. Le ciel est sans un nuage. Il arbore ce bleu qui est particulier aux Alpes en période de chaleur exceptionnelle. Il n’est pas celui de Cyan, n’y celui de Prusse bien trop foncé. Il est un mélange des deux. Il est superbe. Il est d’un azur que le peintre amateur que je suis ne peut en reproduire la valeur, et qui de toute façon, n’oserait pas la poser sur une toile tellement il parait surréaliste. La luminosité est éblouissante même à travers mes lunettes aux verres pourtant fortement colorés.
Les premiers kilomètres se font en groupe. Des œillades de la part de Pierrot, de Hubert, de georges et de gérard fusent en ma direction, à l’exception de Bernard qui depuis le début de la pente reste dans ma roue. Ils se relaient et me tournent autour pour me provoquer, m’obliger à prendre ‘’mes responsabilités’’. Sans avoir besoin de les entendre le verbaliser, je sais ce qu’ils veulent me dire.
Effectivement, je suis au pied du mur et c’est à moi d’abattre les cartes, mes cartes. Je crois comprendre qu’ils souhaitent nous voir les laisser monter à un rythme qu’ils veulent choisir. Ils ne viendront donc pas nous mettre des bâtons dans les roues. Ils ont décidé que cet engagement n’est pas le leur et nous laissent le loisir de nous expliquer en toute liberté. Conformément à ce qu’avaient laissé supposer mes camarades, sans avoir eu besoin de me retourner, rapidement je sus que nous n’étions plus que deux.
Je me dois de rappeler pour écarter tout malentendu entre vous qui me lisez, et la description que je fais de nos traquenards par manivelles interposées, nos confrontations depuis le départ ne relèvent d’aucune animosité. Elles reflètent un état d’esprit qui se veut bon enfant, espiègle, pétillant au sens sportif du terme. Il s’est trouvé que Bernard et moi aimions cette conduite qui admet la dualité. Entraînés à l’effort, ayant lui et moi une bonne expérience de la montagne, nous savions à quoi nous engageait ce type de fantaisie. Ce que nous avions sans doute en plus que nos camarades, c'est ce brin de folie qui n’est autre que le trait de nos tempéraments !
Le train n’est pas rapide, sans doute moins de dix kilomètres par heure au pifomètre, ma randonneuse n’etant pas munie d’un compteur. Je ne m’emploie pas à fond. J’évalue ma dépense à ‘’80% cuisses’’. Bizarre me direz-vous comme indice de référence, mais il est le mien et il me donne plein d’indications.
Bernard remonte par moments à ma hauteur. Il vient me rendre visite, prendre des indications sur mon état de forme. Un petit ‘’comment ça va’’, un sourire et il disparaît à nouveau pour se laisser glisser à l’arrière et venir se caler dans ma roue.
Bernard, c’est le rigolard du groupe, toujours de bonne humeur, le mot gentil, le comportement généreux. Sans que l’on ait eu auparavant l’occasion de se découvrir dans ce type de ‘’couillonnades’’, une complicité s’est mise en place pour le meilleur du sport et pour le rire.
Elle est restée le gage de cette entente jusqu’à Trieste. Ce qui était devenue une animation quotidienne, dont chacun s’improvisait acteur à la forme du moment, a donné à nos étapes une couleur de kermesse où le comique était à la fête.
À l’avant, les visites de Bernard commencent à se raréfier. Un soleil brûlant fond le maigre revêtement goudronneux de la route qui se soulève en une quantité de petites de bulles. Je le devine à la peine d’autant que les premiers kilomètres parcourus m’ont pleinement rassuré sur un état de forme comme je les aime . Depuis quelques centaines de mètres, j’ai pu descendre de deux dents sur ma roue libre. Deux dents de moins, soit 28x24. Je suis dans ‘’mon affaire’’, tout baigne. J’enroule le braquet tout en ménageant la monture !
C’est parti pour quelques milliers de tours de roues. Je me suis entouré d’un Univers que je sais mettre en place, un environnement qui m’accompagne, qui me guide, qui me rassure. Je suis là, bien présent, et ailleurs à la fois. Je me contrôle, je me programme dans l’effort à fournir.
À partir de cet instant tout change, Bernard n’est pas, n’est plus un adversaire à battre. Il devient ce compagnon de route que j’espère sacrifier sur l’autel d’un engagement dont les raisons m’appartiennent. Il me devient proche dans des émotions que nous sommes seuls à partager. Lui dans son voyage et moi dans le mien.
La fraîcheur rencontrée sous l’un des longs tunnels que nous venons de traverser redonne de l’énergie à Bernard qui d’un coup de reins me passe pour s’en aller à une cadence que je ne peux pas suivre. Je suis surpris du braquet qu’il tire. Je pense qu’il est en train de me la faire à l’esbroufe, et que nous nous reverrons. Non pas un jour ou l’autre comme dans la chanson de Charles Asnavour, mais bientôt. À moins que depuis le départ il m’ait joué la comédie du faiblard d’en le but de vouloir m’endormir. Une centaine de mètres nous séparent, la route monte en ligne droite. La pente est de plus en plus raide. Des bâtiments s’étalent au loin, mais ils ne me paraissent pas être assez hauts pour indiquer le sommet. Mon impression n’a pas mis longtemps à se confirmer, la Passe est à quelques kilomètres au dessus. Bernard, bien plus jeune que moi et une vue sans ombre, a dû croire que nous n’étions pas loin du bout et a voulu me le faire au sprint. En effet je suis un grimpeur au train, les accélérations violentes, très peu pour moi, et cela le coquin a eu l’occasion de le repérer!
Il s’agit en fait du village de Braulio et non de la station construite au pied de la trouée qui couronne le passage permettant de basculer vers Prato-Allo-Stelvio.
Dés les dernières maisons passées, les lacets hissent la route vers la cime en déroulant des méandres à perte de vue. Un monde minéral sur lequel l’eau saute de cascade en cascade éclabousse les rochers, faisant fleurir par endroits de minuscules arc-en-ciel. Je suis au Paradis dans cette ambiance que je qualifie de lunaire, aux Anges même, d’autant que je viens de rattraper Bernard. Trahi par le mirage du village trompeur, il présente la mine des mauvais jours. Un rictus que j’ai déjà eu l’occasion d’observer n’annonce rien de bon pour lui. Le --comment ça va -- ? que je lui adresse n’obtient pour toute réponse qu’une longue expiration. Mélange d’expression de lassitude et de déception pour s’être laissé emporter par l’illusion de ce qu’il avait cru, ou voulu croire comme étant le trône de son couronnement.
Dans le Stelvio: 90 kilos à monter au sommet!
Je suis seul. Bernard a perdu pied. La chaleur une fois de plus a eu raison de lui et les efforts consentis inutilement au cours de cette longue accélération ont sans doute achevé de le démotiver. Je pédale vers mon sacre, mais pas pleinement heureux. Même si je me suis assuré qu’il allait bien, même si je ne le sais pas isolé, le reste du groupe est derrière nous, j’ai le regret de ne pas avoir su être charitable, magnanime.
En levant la tête, c’est évident, la tranchée que j’aperçois et qui pourfend la montagne ne peut être que le col. Perdu dans mes pensées et absorbé par l’effort, j’ai raté le contrôle de l’Umbrail-Pass. Il s’agit d’un point de vue qui effectivement figure sur le carnet de route. Ceci dit je ne serais pas le seul, Bernard et Pierrot l’on également escamoté. Pour rendre justice à ce dernier, il parait qu’il est redescendu pour ne pas être contrevenant au règlement du Sieur Rossini ! Le monsieur, auquel une fois la randonnée terminée, nous aurons à expédier notre carnet de route pour la validation de notre Thonon-Trieste.
Je devine le dernier virage qui va terminer mon ascension. Depuis un moment j’ai ralenti mon allure. Je peux distinguer les skieurs qui descendent sur une langue glacière jusqu’à la route sur laquelle je vais arriver. Je roule au pas, l’esprit habité par une foule de pensées.
Subitement l’une d'elle m’attriste. Je viens de réaliser que je suis seul au milieu de ces gens qui ne me sont rien. Mes collègues ne sont pas là, peut être loin derrière, et Bernard qui n’arrive pas.
Encore aujourd’hui, je ne peux toujours pas dire ce qui a motivé mon attitude, mais la vérité reste la même. Je n’ai pas, seul, pu aller au bout. Oui, avec la volonté délibérée de lui tourner le dos, je me suis arrêté et mis pied à terre à quelques dizaines de mètres de la ligne blanche qui marque le passage au sommet. Oui, je pleurais. À la fois de bonheur pour en avoir fini comme j’en avais rêvé et de tristesse sans pouvoir m’en avouer la raison. Le temps s’écoulait. Je scrutais en direction de la sortie du virage, de la route qui m’avait posé là, observant, espérant à tout instant voir déboucher le maillot et les sacoches rouges de Bernard.
Ému en lui voyant le visage marqué par la fatigue et la chaleur. Encore plus ému de le voir sourire. Manifestation rassurante que j’ai remarqué de loin et qui, le connaissant bon joueur, m’acquittait de tout reproche. Quelques mètres avant qu’il ne me rejoigne, je suis monté sur ma randonneuse pour que nous puissions rouler de front. Spontanément, sans calcul, nos mains se sont alors rassemblées, et c’est les bras levés comme à la parade que nous avons, ensemble, franchi la ligne. Ce qui venait de se passer m'autorisait enfin à regagner le droit d'être pleinement heureux.
Bernard, tout en rouge....enfin
En effet, la victoire, si de victoire il s'agissait, ne pouvait me réjouir qu'à cette condition.