Vanoise...suite:
Sur le sentier des Oratoires:
Au départ des Vincendières
En direction du refuge d’Avérole
Le temps se veut estival. Enfin, et malgré quelques brumes matinales, aujourd'hui le soleil a le bon œil.
La sélection de notre randonnée quotidienne est soumise aux conditions climatiques du moment, mais également à celui de la forme de la troupe. Pour ce mardi 25 juin, j’annonce qu’elle ne sera pas difficile et pourtant certains… (es ) hésitent à vouloir chausser.
Je sais les paysages d’Avérole beaux à voir…… mais ils demandent quelques efforts à fournir pour en mériter la découverte. Ce circuit, je le connais bien. J’en ai fait le trajet par tous les sentiers possibles.
Il peut se faire presque à plat, si l’on se contente de suivre la route sur la moitié de sa distance, mais je n’en vois pas l’intérêt. Mon choix s’oriente donc pour une boucle de difficultés moyennes que je vais devoir justifier auprès de mes camarades.
Il va me falloir les convaincre. Il est venu le moment d’en flatter l’intérêt au risque de perdre une partie de l’effectif.
Sachant, comme le font les camelots de foire, faire l’article pour vanter la marchandise, je m’applique à discourir. Je m’emploie à décrire des esquisses de panoramas de nature à séduire mon auditoire. Au fil des arguments que j’avance, les hésitations se marquent de moins en moins pour céder tour à tour aux :
<<C’est bon, on y va. On verra bien.>>
Oui, parfois, pour convaincre, je me dois d’allonger la liste des curiosités, utilisant pour cela des évocations au style racoleur………et ça marche.
Si la conduite d’un groupe exige de son meneur une bonne connaissance du terrain sur lequel il va guider sa section, il faut qu’il sache aussi en faire la bonne description de son intérêt. La fatigue, le manque de motivation peuvent être ainsi ramenées à une autre raison que celle de la démission.
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La chapelle des Vincendières vouée à Ste Marie-Madeleine
Au départ de Lanslebourg, en direction de Bonneval sur Arc, nous prenons à droite, à l’angle de la Bessanaise vers le village des Vincendières. Quelques fermes et maisons en peuplent une vallée étroite. Un parking est aménagé en bordure du torrent d’Avérole. À l'exception des propriétaires d'un chalet d'alpage et aux habitants de quelques hameaux, les véhicules à moteur doivent s'y garrer.
Deux options s’offrent alors à nous pour rejoindre le refuge : La rive droite ou la rive gauche du torrent.
Monter par la gauche du cours d’eau me ramènera à des années en arrière, où avec Bernard, Gilbert et Christian du C.I.S,* nous l’avions emprunté pour une halte au refuge avant l’ascension du glacier de l’Albaron.
Ce matin, nous sommes tôt à pied d’œuvre. Raison de plus pour arrêter ce choix. En effet, par sécurité, il vaut mieux prendre la précaution de passer sous le sérac du glacier du Charbonnel avant dix heures, la chaleur risquant d’en faire se détacher des blocs de glace et de rochers. Cet itinéraire n’est pas conseillé pour un retour l’après midi, cela se comprend pour les raisons qui viennent d’être précisées
Le sérac du Charbonnel : 25 juin 2013
Surprise. Après quelques centaines de mètres parcourus en direction du pont qui permet de franchir le cours d’eau, la construction se trouve dépourvue de son tablier. Il s’agit d’un équipement mobile dont on retire les éléments en fin de saison. Evitant ainsi que les crues de printemps ne l’emporte comme cela était le cas auparavant. Il est généralement remis pour la montée en estive des troupeaux qui cette année, n’a pas encore eu lieu à cause de l’enneigement tardif des pâturages. Franchir le cours d’eau en équilibre sur les poutres métalliques de la passerelle n’est pas du goût de tous, d’où la décision de faire marche arrière.
Le pont sans son tablier......
Concilliabule sur la marche arrière.......
Après avoir rebroussé chemin pour prendre rive droite, quelques longueurs sur le goudron et le sentier se présentent alors à nous. Elles suscitent déjà des regrets de la part des incertains du matin. De ce côté, emprunté par défaut, le profil n'est pas franchement plat, mais rien ne presse et les retardataires bénéficient des rassemblements fréquents que provoquent les ‘’reporters photos’’.
Globulaire à feuilles en coeur
Il s’agit là de l'un des itinéraires conduisant à des alpages. Les fleurs y sont nombreuses et très diverses. Il est jalonné d’oratoires voués aux cultes des Saints, dont l'histoire ou la légende, en ont fait les bienfaiteurs de la vallée.
En montagne et particulièrement dans les régions où la vie était autrefois très difficile, la religion se vivait comme ultime recours face aux malédictions de tous ordres. Ces monuments, construits sur des lieux parfois surprenants, témoignent des craintes qui hantaient les habitants de ces contrées. Ils venaient honorer, dans ces sanctuaires, toute une litanie de Bienheureux, implorant leur protection en direction de leur famille, leurs récoltes et leurs troupeaux. À réaliser leurs projets et concrétiser leurs intentions. Ils signalent également des faits que l’analyse rationnelle n’a pu expliquer. Ils sont là au nom d’une famille, en remerciements d’une imploration pour un souhait, pour un vœux qui s’est réalisé à leur bénéfice.
La file s’étale. Chacun avance à son rythme, à son pas. De plus, qui rajoute une peau ou en enlève une, en fonction de sa sensibilité aux variations de la température. Elle change nettement selon que l’on se trouve tout près ou éloigné du torrent ou de l'altitude vers laquelle monte le sentier.
Je ne vais pas m’étaler sur les pauses pipi de ces dames, lesquelles cela se comprend, éprouvent ce besoin en ordre dispersé, rajoutant des arrêts aux arrêts !.
À ce propos, combien de fois me suis-je entendu dire :
--- C’est sur, pour vous les hommes c’est plus facile.
À cela s’ajoute généralement des propos dont je vous fais grâce !
Comme pour les randonnées précédentes, l’eau dégouline de toute part. La montagne chante de ses cascades. Des embruns s’en échappent par vagues, faisant croire à des voiles de mariées. Ca bouge, ça flotte au gré des courants thermiques qui montent de la vallée.
Aucune photo ne peut en restituer fidélement la délicatesse. L’œil, seul, peut saisir l’instant du phénomène s’exerçant entre la lumière et les myriades de gouttelettes que les courants d’air promènent dans une étrange chorégraphie. L’attraction d’un tel spectacle reste saisissant. S’il se répète sans cesse, il apparaît dans des configurations qui elles, évoluent au gré des vents.
La chapelle St Pierre d'Avérole
Les maisons du village d’Avérole s’aperçoivent. Une magnifique chapelle qui vient d’être restaurée en honore sa sortie. Elle semble avoir été construite là pour permettre aux voyageurs des temps anciens, de pouvoir recommander leur Ame à Dieu avant de s’engager pour une aventure qui était souvent périlleuse. Elle marque le dernier signe d’humanité avant l’entrée dans la grande montagne, où le passage d’une vallée à l’autre demandait aux marchands ambulants de gravir des cols avoisinants les trois milles mètres d'altitude.
Nous quittons un grand chemin, un nouvel oratoire marque notre changement de direction. Il est posé sur un promontoire, avant-garde du verrou glacière que nous allons devoir écheler. Il monte raide le bougre. Taillé par endroit dans le rocher, le sentier serpente de droite à gauche sur une partie de la butte, randant ainsi sa pente plus facilement accessible.
À la mémoire des ..............
Du torrent, dont on distingue le lit, dégringole des masses d'eau qui jouent à saute-moutons sur les rochers. Sur son trajet, taillé à même ses berges, apparait par endroit un tunnel dans lequel s'engouffre une partie de son débit. Son eau ainsi ponctionnée, est acheminée sous la montagne jusqu'à Modane pour alimenter les turbines d'une centrale hydro-électrique.
Au bout de l’effort apparaît enfin le refuge. Les sacs à dos s’ouvrent sur un pique-nique, que chacun a eu le loisir de se concocter dans une annexe des cuisines du C.I.S*. Qu’il est doux ce moment de pose. Il est également riche en anecdotes. C'est alors que la terrasse du lieu, entre la poire et le dessert, s'improvise en scéne de théatre champêtre.
Le refuge d'Avérole
Les estomacs sont à présent rassasiés. Les muscles endoloris retrouvent leur souplesse. Le moment est venu de rêver à une sieste. Aujourd’hui elle fera partie du programme. Le temps, celui dont nous fait bénéficier le ciel et celui que nous accorde la montre, nous en permettent le luxe.
Réunions improvisées sur la suite de la journée, les itinéraires du retour devant faire l'objet d'un choix. Si le passage obligé par Le hameau d’Avérole s’impose à nouveau, à partir de ce dernier, la route et deux sentiers permettent de rejoindre Les Vincendières, notre point de départ.
Le chemin haut sera le notre. Il passe tout près des chalets d’alpages de la Mottuaz d'Amont.
Là encore, comme un chapelet égrène ses dizaines, tout au long du chemin des sanctuaires construits ou restaurés, indiquent notre progression vers le terme de notre randonnée. Ils sont là, marquant un chemin de Croix devant lesquels, peut être encore de nos jours, des pélerins y font station pour y réciter des prières.
Aujourd'hui ils recoivent les bouquets des randonneurs. Les enfants, pour lesquels la mission représente un challenge, ils les conduisent à devoir avancer pour la surprise d'en espérer les suivants.
N.D de L'Arcelle
*C.I.S: Centre international de séjour .
À suivre pour une prochaine randonnée......