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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 22:22

                     Ordonnance pour un 'cyclopathe'

 

                                Plaque de cadre.                           La plaque de cadre, carte d'identité du Cyclopathe....

 

       L’idée de vouloir tenter l’aventure d’une grande randonnée à vélo ne m’est pas venue subitement. Je couvais, j’incubais le virus depuis longtemps au point que ma propre raison n’en dominait plus le sujet.

      Dans ce domaine, rares sont les attaques sournoises et foudroyantes. Non, l’agent pathogène, invasif s’il en est un, s’installe lentement afin de ne pas mettre le patient en difficulté. Il sait avoir à mener un combat à long terme. Plusieurs, peut être, et encore beaucoup de séances d’une thérapie familiale seront nécessaires pour faire admettre à son environnement proche, l’impérative nécessité du temps de convalescence que demande une pareille atteinte.

       Le virus fait le siège de l’esprit de sa victime Il est la semence d’une idée dont le germe croit au fil du temps, en particulier au bénéfice des beaux jours. Il conduit paisiblement son affaire en évitant toute manifestation intempestive, toute brusquerie, afin ne pas compromettre l’évolution favorable de cet état dont chacun en trouve sa propre justification. Il sait pour cela, entretenir une atmosphère paisible autour de lui. Il s’agit, en effet, de créer un climat et des conditions capables de maîtriser la formation d’anticorps, agents redoutables en la circonstance, et qui pourraient se développer chez les signataires potentiels de l’ordonnance. La mission finale du virus va consister à contaminer les proches du malade d’une manifestation passive que j’appelle :

 

               ...............Contamination incitative à l’acceptation.....

 

       La particularité de cette atteinte réside dans le fait que le traitement n’est pas à administrer au malade, mais à ses proches. Pour cela, à lui de trouver une médication abaissant le seuil de leur résistance.

       Je remercie mon petit lutin conseil, mon fidèle complice, qui tout au long de ce temps d’incubation m’a inspiré les bonnes démarches qui ont abouties au résultat escompté se traduisant par cette note d’humour signée par mon épouse et nos deux enfants :

 

         Traitement  .............  8 heures de vélo par jour.

          Posologie                   100 kilomètres au quotidien.

          Durée du traitement.. 12 jours.

 

      Comme par hasard, c’est ce dont j’avais besoin pour réaliser mon Thonon-Trieste ou Léman-Adriatique. Deux appellations pour un grand cru, noblesse oblige !

       Il ne me restait alors plus qu’à confirmer ma participation auprès du groupe déjà composé de Pierrot, Georges, Hubert, Gérard et Bernard. Je venais faire le sixième, amenant le nombre des participants à un chiffre rond.  Lequel disent les "socio- psychologues", faciliterait les relations entre les personnes qui peuvent se recomposer par nombres pairs !!! Cependant rien ne nous a permis de confirmer ou de démentir ce concept, l’entente entre nous quant à elle, n’ayant pas eu à faire appel à ce type de raisonnement.

 

           De G à D: Georges.Bernard.Pierrot.Gérard. En blanc...c'est moi et puis ..Hubert

 

 

                                       L'équipe au complet

L’ordonnance me fut rédigée à la fin d’un repas pris en famille au tout début du printemps de cette année 1985. Sans controverse et dans un esprit faisant preuve d’entendement de la part de ma famille, sollicitude que je me dois de souligner, un bon de sortie à la fois du foyer et du territoire me fut confirmé sans contrepartie.

      Les entraînements spécifiques à une bonne préparation m’ayant mis dans une excellente forme, le rêve a pu se concrétiser. Je suis donc dans les meilleures dispositions possible pour vous raconter ce qui reste l’un de mes plus beaux souvenirs concernant mes sorties à vélo par étapes. Cependant, je ne vais pas faire dans le détail, ce serait bien trop long. Je vais, dans les chapitres qui vont suivre, m’appliquer pour vous en résumer ce que j’en ai retenu d’essentiel.

 

      Si la curiosité vous amène à visionner la distance qui sépare Thonon les Bains à Trieste, en prenant le chemin dit normal comme itinéraire, rien n’est de nature à surprendre le voyageur. Cependant, la logique d’un concepteur de raids pour cyclotouristes est tout autre.

      C’était, sans compter sur la malice du Sieur Rossini, ‘’inventeur’’ du périple, qui n’ayant rien retenu des leçons élémentaires de géométrie nous a concocté un tracé cyclo-montagnard devenu depuis l’un des raids de référence dans ce domaine. La ligne droite, monsieur Rossini ne connaît pas, il est pour les détours. Un camarade me souffle qu’il serait plutôt pour la musique ; quel plaisantin celui la !!!

       Tout ceci pour vous amener à une révélation qui peut surprendre. En effet, si tous les kilomètres sont identiques en longueur, ils ne le sont pas en notion de distance quand la pente en charge le profil. De plus, l’équipement de nos montures n’est pas venu alléger notre tache dans les ascensions. Mais cela, comme le reste d’ailleurs, personnellement je l’ai voulu.

 

      Mais au fait, c’est quoi Thonon-Trieste ? Une balade qui, vous l’aurez compris, part des bords du lac Léman, traverse les Alpes Suisses et Italiennes, longe les Alpes Autrichiennes avec pour objectif d’en franchir tous les grands cols, soit une quarantaine, dont quinze à plus de 2000 mètres.

 

                                              La carte de route. 

 

                              Les principaux lieux de passage.

                               Le graphique des cols.

 

      13 juillet 1985, gare ferroviaire d’Avignon , six hommes sur un quai, banal comme savent l’être les quais de gare. Six cyclos excités comme des gamins à qui l’on auraient promis un grand tour de manège. Six fringants baroudeurs en partance pour Thonon les Bains, puisque le départ officiel démarre de cette belle cité balnéaire.

       Chargés de toute une ribambelle de sacoches, dont celle destinée à équiper l’arrière du vélo pourrait bâter un âne, c’est certain, nous interpellons ! Les regards ne font pas de doute, nos bagages les intriguent. C’est une évidence, ils ne ressemblent pas à ceux des voyageurs, qui comme nous attendent le train. Des sacoches et pas de vélo, voila matière à en faire réfléchir plus d’un. Nous voyant ainsi pourvus de ce surprenant barda, nous passons sans doute pour des meneurs de baudets allant au point de ralliement, afin d’y entamer avec eux le fameux chemin de Stevenson!

       Oui messieurs et mesdames, nous sommes bien des cyclistes, certes sans vélo, mais de ce pas nous allons les rejoindre !

     Thonon gare il est 16 heures. Les vélos sont récupérés sans une égratignure. Il faut dire que nous avions acheté le carton S.N.C.F spécialement conçu pour le voyages des cycles !

       Pour la première étape, seulement une trentaine de kilomètres, histoire de tester la matériel. Après avoir rempli nos bidons prés de la station thermale d’une eau sensée éliminer les calculs rénaux,                                             

 nous remontons la vallée de la Drance pour rejoindre Abondance. La distance à parcourir se boucle en deux petites heures. Sans traîner, nous nous mettons en quête d’un lieu où nous poser pour la nuit. Ce sera d’ailleurs le cas pour tous nos termes d’étapes, notre désir de liberté l’ayant emporté sur la crainte de se retrouver sans place de camping le soir tombé.

 

                                           numérisation0008

 

       Pas triste le déballage de notre matériel sur un terrain en cours d’aménagement. A noter, à la décharge du propriétaire, qu’il nous fit grâce de tout paiement.

       Pensant avoir rangé dans un ordre qui devait me faciliter le travail de recherche de ma tente, il me fallu, pour cette première installation, vider tout mon paquetage pour enfin trouver ce qui allait me servir de toit. Tels des boy-scouts, chacun des membres du groupe se mit à construire ce qui, sans flambeau ni fanfare, représenta tout de même l’inauguration du site!   

 

                                          Le 1er campement

 

       Non pas tirés à quatre épingles, mais douchés et en jeans, nous voila partis à la recherche d’un restaurant. Petite précision que j’apporte à vous amis lecteurs, durant notre le périple, le midi, pique-nique pour tous, et le soir, le restaurant. Je vous fais remarquer que je n’ai pas écrit gargote. Il faut que je rajoute en effet, que parmi mes camarades, il y a des amateurs de bonnes tables.

       Pour activer la digestion d’un repas qui fut apprécié, le groupe décide de faire le tour de la ville. Les rues étaient peuplées, l’esprit était à la fête. Tout à coup des bruits d’explosion nous entourent, des cris, des hourras, des couleurs magnifiques embrasent le ciel. Mais pour quoi, ou pour qui donc tout ce tra la la ? D’accord nous sommes le treize juillet, mais cela nous le savons, et c’est un jour comme les autres. Hé bien non, pas à Abondance, le feu du 14 juillet s’est tiré, cette année là, le 13 au soir. De là à y voir une coïncidence avec....., c’est un pas que je n’ose pas franchir, mais,.....et c’est là que, dans le doute, Hubert a pris soin d’immortaliser l’événement !

      La nuit n’a pas apporté de réponse à l’effet de surprise suscité la veille par cet événement lumineux, qui, sautons la barrière de la paranoïa, nous était peut être, mais peut être seulement,... destiné ! Quant au sommeil que j’espérais réparateur en vue d’affronter la difficulté du jour, il ne fut pas à la hauteur de ce que j’en espérais. Le matelas auto-gonflable, matériel vendu pour être à la pointe du progrès et du confort, me laissa l’impression désagréable de celui qui s’est fait rouler par un vendeur peu scrupuleux. Heureusement dés les premiers hectomètres d’une pédalée souple, les courbatures firent place à un sentiment de plénitude, sensation qui présage d’une bonne journée à passer sur le vélo.

     Fini les interrogations fantaisistes au sujet de la soirée d’hier soir, la route s’annonçant pentue, plus d’énergie à perdre en considérations improductives. 09D’ailleurs elle grimpe dés le départ, pas fort, mais tout de même. Le Pas de Morgin, certains disent le col, fait de nous des étrangers en terre Suisse. La douane et quelques formalités d’usage pour l’époque, nous mettent dans l’ambiance de voyageurs quelques peu originaux à la vue de nos sacoches rebondies. Il faut vous dire que nous sommes en autonomie, à la fois de matériel de couchage pour le séjour et de nourriture.                                                                                                                                              

      Pour l’événement, j’avais anticipé la construction sur mesure d’une randonneuse digne d’un baroudeur. Ce type de matériel est généralement équipée de roues de 650 de diamètre, ce qui rend la machine plus basse que les vélos dits de courses. Les avantages à cela sont multiples. Sa tenue de route est meilleure, et compte tenu du chargement qu’elle est destinée à recevoir, le détail n’est pas à négliger. Il est important, en effet, d’avoir les volumes et le poids de la charge le plus prés du sol possible. D’autant plus que si le cyclotouriste se veut être un grimpeur honorable, il revendique également le fait d’être un bon descendeur. Le 650 a cette qualité, dont le rendement s’améliore encore s’il est monté sur des pneus de bonne section. Il devient dans ces conditions un allié beaucoup plus sur que son homologue coursier.

      Ce premier test du matériel en grandeur nature, affublé de mon poids maximum, c’est à dire 90kilos au total, m’apporta, sans avoir à en modifier les réglages, toutes les satisfactions attendues. Certes, l’efficacité n’est pas celle d’un vélo de course, mais quel confort mon Valéro.                                                                                                     

 

                                         91 kilos roulants..tout de même!!

                                                 90 kilogrammes de masse roulante!

 

       Je reviens sur le poids dont le chiffre est peut être de nature à vous surprendre. Pour plus de clarté, je vais vous en décomposer les fractions : Cinquante neuf kilos pour ma personne, 14 pour le vélo et ses sacoches et 17 de bagages.

       Nous remontons une magnifique vallée qui n’est autre que celle du Rhône. Elle est cultivée d’un vignoble haut sur pied qui produit le Fendant, vin blanc renommé. Même si j’avais appris à ma bonne école primaire de Rognonas que le Rhône nous vient de Suisse, j’ai du mal à le reconnaître, il me fait de la peine tellement je le vois petit !.

       La suite du parcours, la traversée de la ville de Martigny, se font dans cet état d’esprit qui traduit une satisfaction que personne de nous ne veut refouler. Nous sommes heureux de tout, de rien, de nous, d’être ensemble pour vivre ce que nous pensons d’exceptionnel en matière d’expériences, à la fois collectives et personnelles. Ce n’est que le début de notre pari. Certes, nous savons que le parcours sera exigeant. Mais que la vie belle quant elle s’offre à vous, généreuse et ouverte à l’espoir d’y découvrir des régions qui comptent parmi les plus extraordinaires d’Europe.

 

                                                      numérisation0007

 

 

      Visp sera nôtre ville étape pour ce 14 juillet. Ce soir là, la bouteille de Fendant prise au restaurant ajouta à son palmarès, outre le fait d’être un bon vin, le souvenir d’avoir été ruineux pour notre modeste bourse !

       Demain sera un autre jour, le temps de rassembler d’autres souvenirs et je veindrai vous raconter la suite..........

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8 janvier 8 7 08 /01 /janvier /8 19:15

 

                                                                                                                                                                            

        Changement de cap         

 

        

                         numérisation0005-copie-2

                                                            

                       1985: Dans "Thonon-Trieste" en cyclo-camping

                                                                                           

Nous sommes au tout début des années soixante et douze, et l’arrivée d’un nouvel élément dans notre équipe de travail marquera mon changement d’opinion et de pratique en matière de sport cycliste. Le Roger en question représentait l’archétype du cyclotouriste, et sur les couraillons de mon espèce, il pouvait tenir des propos sans complaisance.

 

Nos moments de pose et malgré nos divergences sur le sujet, étaient souvent consacrés à nos activités cyclistes respectives. Je l’écoutais me parler de ses randonnées sur plusieurs jours, de brevets cyclo-montagnards dans lesquels figuraient l’ascension de grands cols, deux, trois, voir plus dans une seule journée. Ses commentaires me fascinaient, me rendaient presque incrédule devant ce type d’exploit, sans pour autant douter de lui.   

                                                                                                          

                En casquette bleu, Roger, mon maître en cyclotourisme  

 

                          Avec Roger

 

Je n’avais jusqu’alors jamais abordé à vélo ce qu’il est convenu d’appeler la haute montagne. Pour avoir suivi les exploits de Jean Robic, de Charly Gaul, de Federico Bahamontés, de Van Impe dans ma jeunesse, je rêvais de pouvoir accompagner ces forçats de la route à travers les rochers et la neige.  J'enviais ces escaladeurs dont les reportages, déjà faits par la télévision, les montraient au milieu  de paysages superbes. Ce sont eux qui m'ont donné cet appétit qui m'anime toujours, ce besoin viscéral qui me pousse encore, mais difficilement aujourd'hui, vers la conquête des cimes. 

 

Je courrais encore un peu dans la catégorie des cyclo-sportifs mais mon esprit, dorénavant, voyageait de plus en plus avec les cyclotouristes et l’image qui m’était donnée de leur discipline.

 

Les premières sorties avec Roger. P se firent dans les monts de Vaucluse, le col de Murs, le col de la Ligne, le col de la Chaîne et bien d’autres. A l’époque je roulais sur un Peugeot et lui sur un Routens 650, fait sur mesure s’il vous plaît. Je découvrais ce qu’était une randonneuse et le tempo du cycliste au long cours. Rapidement, faire soixante kilomètres le nez dans le guidon m’apparu dépassé, voire stupide. Ce raisonnement m’aida à mettre un terme à ce que fut ma carrière effectuée à l'occasion des fêtes de vilages et de leurs vires-vires locaux.

 

Sur les conseils de ce maître, j’ai, dans un premier temps, fait équiper mon coursier d’un tri-plateau. Indispensable aménagement pour avaler en souplesse nos cols des Alpes, des Pyrénées et d’ailleurs. Dans les années qui suivirent une randonneuse 650 vint faire de moi un honorable cyclotouriste, car avant cela, dans les rencontres organisées par les comités fédéraux, j’étais montré comme un intrus par les irréductibles briscards.  

 

Oui Mesdames et Messieurs, compagnons de mes débuts parmi vous, mon vélo sans sacoche, sans ses pneus larges, dépouillé de tout ce qui à vos yeux en aurait fait un vrai baroudeur était lors des arrêts de pointage ou de ravitaillement à ranger loin du parc réservé à vos nobles montures. En effet, certains parmi vous ne ménageaient pas leurs quolibets à mon égard et ne se génaient pas pour viser ma tenue vestimentaire. Mon maillot et mon cuissard, pièces de l'équipement de mon club sportif portant des marques publicitaires étaient pointés du doigt par les puristes en chemisette et en short. Les quelques ségrégationnistes de l'époque, ceux qui à mon tour je vise gentiment dans mes propos, étaient en général des personnes d'âge mur et appartenant à un monde qui se voulait différent de celui duquel je venais. Lié à cet état de fait, il existait une fracture évidente qui séparait les fédérations régissant ces deux pratiques cyclistes, celle des coureurs et celle des cyclotouristes. 

       Malgré le parrainage de mon ami Roger, mon intégration dans le milieu en question se fit dans une approche manquant parfois de fraternité! La chose est dite. Mais là, comme dans les pelotons où je savais me faufiler dans un trou de souris, j'ai, au sein d'un groupe de collègues, trouvé ma place parmi les pratiquants de ce concept nouveau pour moi. Sans rancune, mais......... je me souviens!  

 

Ayant appris à faire abstraction des préjugés, je touchais du doigt au fil de nos sorties, les différences qui caractérisent ces deux pratiques du vélo. Celle que je venais d’adopter est exempte du stress inhérent à la vitesse et aux multiples dangers rencontrés dans une pratique de groupe aux objectifs basés sur la concurrence.

L'itinéraire est celui que l'on se trace. Son allure est choisie. Elle est sportive mais sans contrainte d'horaire ni de jour particulier. A l'exception de certaines manifestations ou tests sur des distances et difficultés, comme l'organisation de certains brevets destinés à former les postulants aux grands raids.                                                                     

                                                                                                                                                                                                                                                                                                             

Le cyclotourisme reste bien entendu une façon permettant de se tester, dans les cols en particulier. Mais ce n’est plus une course contre des adversaires, mais une confrontation entre soi et la pente. Contre et avec cette route de montagne qui grimpe en lacets. Si compétition il y a, et c’est humain, elle revêt un caractère qui reste bon enfant. Dans ces conditions, souvent non préméditées, le premier arrivé au sommet attend les autres, ou, et c’est dans l’esprit cyclo, il redescend à la rencontre de ceux qui ont une allure plus lente pour remonter avec eux, pour les accompagner dans leur ultime effort. 

 

Le cyclotourisme est une manière de voyager peu dispendieuse. Il m’a permis de faire des dizaines et des dizaines de  milliers de kilomètres au sein de petits groupes où les compagnons sont choisis. Il m’a nourri de mille souvenirs glanés sur les routes de France, d’Italie, de Suisse et d’Angleterre et d'ailleurs. 

 

Le col du Parpaillon par Sainte Anne la Condamine et son tunnel mythique. Long trou noir dans la montagne, passage ancestral qui permet de relier la vallée de l’Ubaye à celle de la Durance. Le col de la Lombarde côté Italien avec en son milieu le monastère de Santa Anna et le son de ses cloches qui vous accompagne par vent favorable. La traversée des Dolomites, l’ascension des Tri Cimes et sa pente à plus de quinze pour cent, ça, c’est du souvenir....

Et la, je ne vous parle pas du Mont-Ventoux, ce géant de Provence où tous ses virages me sont devenus familiers, où chacun d'eux me rappellent une histoire, un souvenir 

Le cyclotourisme est pour moi cette autre manière de faire du vélo car différent par la liberté qu’il offre, par l’esprit d’indépendance qu’il véhicule. Je ne renie pas mon temps passé à vouloir faire semblant d’être coureur. Je regrette cependant de ne pas m’être fait convertir plus tôt à ce sport convivial.

 

À plus tard pour quelques récits sur mes randonnées favorites.                              

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5 janvier 7 3 05 /01 /janvier /7 15:53

 

                                                                                                                       

                                                           C'était le temps où..................           

 

                                                       numérisation0021

 

                                                       En 1962 avec "mon Peugeot"

 "

        C’est, je vous l’accorde, vouloir enfoncer une porte ouverte à me risquer d’apporter la démonstration que le cyclotourisme est une façon particulière de faire du vélo et pourtant je vais oser !!!.

 

         Le vélo, je le pratique depuis l’âge de douze ou treize ans. Pas avant, car les conditions économiques de ma famille ne permettaient pas ce luxe aux enfants de la maisonnée. Il s’agissait de ce que l’on appelait alors  un demi-course. Modèle entre le vélo dit  à ""commissions"" et le racé, celui digne des peletons aux maillots multicolores. Il m'avait été acheté d'occasion. Il fut, dans ce domaine, le premier de mes biens précieux. C'était un ""Alcyon"". Il arborait en bonne place sur son cadre les couleurs de l’arc-en-ciel. Cette particularité le distinguait des autres marques de  conctructeurs. Alcyon avait, déjà à cette époque, obtenu plusieurs titres de champions du monde sur route, dont les deux derniers gagnés par le Belge Albéric Schotte en 1948 et 1950.

 

Cela fait dérisoire aujourd’hui de parler de ce qu’il représentait pour moi. Il me donna, en premier lieu,  accès à la liberté de pouvoir aller et venir. Il m’ouvrit et ce n’est pas peu dire à la notion de grandeur. Dans mon raisonnement d’enfant, rouler à vélo faisait moins pauvre que de marcher à pied. J’étais fier de ma monture dont l’entretien m’occupait d’un temps qu’il m’était agréable de lui consacrer.

 

Ma pratique d’alors s’exerçait principalement dans un cadre d’utilité. Mon vélo me servait pour aller à l'école, aller chercher le lait dans une ferme située à quelques kilomètres de chez nous. Afin d'en profiter davantage, à l'occasion, et sans savoir en doser la fréquence je prétextais des devoirs à apporter à un camarade malade pour aller me balader avec celui qui devenait mon faire-valoir, mon complice. Dans un tout autre registre, le rythme inhabituel des visites que je rendais à ma grand-mère fut subitement à ce point rapproché qu'il devint rapidement suspect aux yeux de mon père. Tout  prétexte était mis en avant pour justifier l'utilisation de ce vélo que je couvais comme un trésor. 

 

''Le vélo-loisir'' devait se négocier avec mon Père. Son autorisation était soumise à des conditions. Mes notes scolaires ne devaient pas être inférieures à celui du niveau de la moyenne, mon comportement à la maison ne devait pas faire l’objet de remarque répréhensible. Une liste de menus travaux à accomplir tout au long de la semaine, celui de préparer le bois pour la cuisinière ou arroser le potager, venaient compléter les clauses du contrat !

 

Je résume la, sommairement, une approche de ce que fut l'environnement de ma découverte de la pratique de la bicyclette.

 

Au fil des années et après quelques aménagements concernant en particulier le retrait de certains accessoires comme l’éclairage, les garde-boue et le timbre avertisseur, mon vélo finit par ressembler à un coursier. Je dis bien ressembler, car son allure restait encore loin de celui que possédait mes camarades. C’est alors, et sans complexe, que naquit en moi cet esprit qui pousse à vouloir se prouver que l’on peut rivaliser avec ses semblables, pour le plaisir, pour le jeu, pour la course. Cependant, ne cherchez pas mon nom dans le palmarès des meilleurs, je n’y ai jamais figuré.

 

J’ai aimé ce qui se passait autour de la ligne blanche visée par bon nombre de concurrents comme symbole de l’instant de gloire si longtemps espéré. Pour ma part, je limitais mon ambition à vouloir la franchir honorablement. La prise du dossard, la roublardise dont il fallait savoir user pour se ranger au plus prés du trait de départ me donnait, sur quelques kilomètres l’occasion de frotter avec les meilleurs. Dans le peloton, je savais me faufiler, me mettre à l’abri, trouver ma place dans un trou de souris. J’aimais le bruit du vent dans les rayons, celui des dérailleurs aux changements de braquets.

 

J’aimais l’ambiance qui régnait au milieu de cet essaim grouillant, tantôt silencieux et concentré sur l’ouvrage, tantôt nerveux et gueulard. Moi, je savais ne pas être la pour la gagne, mais cela ne me frustrait pas. D’ailleurs, et sur les circuits sans difficulté, je m’inscrivais dés le départ dans la situation du spectateur, pour le plaisir, pour l’adrénaline !

 

Cependant, et toute proportion gardée, je figurais parmi les bons grimpeurs. J’avais pour cela un gabarit qui m’avantageait et de plus j’aimais l’effort particulier qu’impose la montée. L’allure étant plus lente, moins dangereuse, l’observation des concurrents en devient plus aisée, les objectifs de chacun deviennent plus clairs. Des indices repérés au seul coup d’œil donnent de précieux renseignements sur l’état de forme et sur le moral de celui qui est sur le point de décrocher.

 

J’ai toujours mis plus de fierté à vouloir passer un col en bonne position qu’à risquer la chute pour défendre une place au sprint. Le prestige du grimpeur m’a longtemps habité. Je trouve encore aujourd’hui son statut plus glorieux qu’aucun autre .

 

A propos du sprint, j’ai une anecdote à raconter. Je disputais une course de fête votive à Bédarrides, petit village du Vaucluse. Je devais être dans un bon jour car sans trop m’en rendre compte, je me suis trouvé dans une échappée d’une vingtaine de coureurs, dans la bonne comme il se dit dans pareil cas. Poussé à prendre un relais à quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée par une injonction autoritaire et peu courtoise de l’un des membres du groupe, je fus, contre toute volonté et malgré moi, mêlé dans ce que l’on appelle l’emballage final.

 

Ce qui m’arriva me laisse croire à ce qui est raconté dans les fables pour enfants au sujet de ces oiseaux qui, au cours de leurs longues migrations, s’organiseraient pour soulager la portance de leurs congénères fatigués en volant sous eux. Il est dit dans cette histoire que le courant d’air généré par le battement de leurs ailes améliore la capacité des faibles, leur permettant ainsi de pouvoir rallier leur destination.

 

Personnellement, et dans le cas présent, je n’avais rien demandé. C’est pourtant la sensation que je vécu ce jour la. En effet, et sans trop savoir pourquoi, je me suis senti comme soulevé, porté, happé par un souffle qui me propulsa sur la ligne en quatrième position, place qu’au sprint je n’avais jamais réalisé. 

 

                                 ___________________________________________           

 

 

 

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