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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 21:52

                         QUAND LE PLAISIR EST AU BOUT DE L’EFFORT, 

   

                         

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                    Vu d’en bas, le Stelvio s’était affiché comme une citadelle, comme un fort qui voudraient en défendre l’accès à tout prédateur. L’inclinaison de la route fait office de rempart symbolique, d’une annonce à vouloir résister et défendre chèrement le droit à quiconque d’en fouler la cime. Au regard, à qui côtoie son pied, l’image d’une mise-en-garde vous est lancée comme un défi.

       Certes, si pour moi, comme pour celui de mes camarades, le chemin fut long et la bataille rude, j’en garde ce souvenir impérissable que je ne cesse de vouloir raconter.

       J’avançais, non pas le nez dans le guidon, mais à l’inverse, en regardant autour de moi. Je puisais mes ressources, ma motivation dans un plaisir indescriptible de désinhibition  où il m'était permis de communier avec ce monde fait de brume, d'eau, de soleil et de roche. 

        Une fois engagé sur sa route, la relation s'est faite accueillante, amicale. Pas d’hostilité entre la montagne et moi, plus aucune appréhension. Je me savais accueilli. Je me sentais en terrain de connaissance, accepté comme peut l'être un invité qui se voit offir un cadeau. Mon esprit alimentait avec elle une forme de dialogue où il était imaginé les termes d’un pacte de non agressivité. J’étais en accord avec tout ce qui fait que l’on se sent heureux, sans toutefois en trouver les mots précis pour expliquer ce qui nous arrive. Serein, à présent tout mon Être s’employait à escalader mètre après mètre la pente qui m’élevait vers mon objectif. Alchimie mystérieuse également que cet accord qui s’instaure entre l’effort à fournir, la souffrance qui en découle et la vivance d’un plaisir dont la nature échappe à toute rationalité.

        Plaisir : Comment définir ce mot alors qu'il fut obtenu au prix d’un effort gratuit, non productif de surcroît et qui n’a de but quantifiable que pour celui qui y trouve un intérêt. La récompense s'y rattachant est celle que l’on s’accorde, que l’on idéalise, à la fois grande et fragile. Certains seront éphémères, alors que d’autres continuent à habiter notre grange à souvenirs. Je peux comprendre que cette représentation du plaisir, sa qualification en tant que telle, puisse paraître suspecte, bizarre au regard des contemplatifs !!!!

      Il a été dit par je ne sais plus qui, que l’Etre vivant n'a de cesse de vouloir se créer des besoins. Le plaisir répond à cette nécessité de désirs, sa quête l'entraîne à naviguer sur tous les horizons. Celui que l’on tente d’obtenir au bout de l’effort n’a pas à être justifié, pas plus qu'il n’a à être compris par ceux qui ne peuvent adhérer à ce type de satisfaction. Pour ma part, déjà, à l’élaboration du projet, je vivais par anticipation le bonheur de rouler sur ces pentes, de gravir dans l’ombre des forçats de la route ces cols mythiques dont les histoires racontées dans le Miroir du Cyclisme fin 1940 me servaient à fabuler dans certaines de mes rédactions rédigées sur les bancs du primaire.

 

        Bernard et moi en avions fini depuis un temps qui pour nous ne comptait plus. Le spectacle que nous offrait la montagne, idéalisé par notre volonté conquérante, en avait estompé la durée au point de ne plus savoir ce qui s’en était écoulée.

      C’est en ordre dispersé que le reste du groupe nous a rejoint. Le rassemblement est à présent au complet. La descente sur Prato-Allo-Stelvio, notre point étape du jour est la plus spectaculaire qu'il m’a été donné l’occasion de faire à ce jour. Sur une vingtaine de kilomètres, des virages en lacés, liés, imbriqués les uns aux autres, dénouent sous nos yeux les fils d’un labyrinthe conduisant dans la vallée. 

 

 

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        Il n’y a pas eu de bobo, pas d’incident durant la journée. Seulement de la fatigue. De celle dont on ne se plaint pas car elle est convertie en une charge positive dés le poteau franchie. Elle devient le témoin d’un ressenti qui déleste tout l’Être de ce qu'il a dû vivre dans une difficulté comprise et acceptée. Cette fatigue n’est pas douloureuse lorsque l’on arrive à bout de son challenge.

 

 

                                              DE TOURS EN DETOURS

 

                                          Depuis notre départ de Thonon les Bains, nous avons fait une première entrée en Suisse pas le Pas de Morgin puis, nous en sommes sortis après le col du Simplon, aux alentours de Gondo pour enter en Italie. Notre itinéraire nous entraîne en direction de Ponté di Grivola et ce jusqu’à Piaggio di Valmara. Nouvelle incursion en pays Helvétique par Locarno, le Splugenpass. Court retour chez les transalpins pour nous faire traverser Chavanna. Dans le souci de ne pas nous faire rater de cols, le Sieur Rossini, je le cite pour rappel, car c’est lui le concepteur de ce raid cyclo-montagnard, nous dirige vers la Suisse par Castaségna. La bascule définitive sur le sol Italien se fera par la Forcola di Livigno. Italie que nous ne quitterons plus jusqu’à la fin de notre voyage.

 

                                    20 Juillet...En direction des Dolomites

                                                                                                                                                    numérisation0007-copie-2

 

      Le village où nous avons passé la nuit se trouve en zone semi-montagneuse. Il est amarré au flanc nord de la partie basse du Stelvio.  Du coin où j’ai planté ma toile de tente, son sommet se devine. Ce matin, des nuages en coiffent la tête.

      Le départ est matinal. L’étape, quoique longue, est qualifiée de transition par Hubert !!. Le début est en pente favorable. La descente d’hier soir a gardé pour nous une réserve de quelques centaines de mètres d’une douce dénivelée. Le terrain, propice à l’échauffement, fut salutaire à notre musculature fortement mise à contribution la veille. Nous fûmes bien inspirés de démarrer prudemment, car la route que nous découvrons au terme des kilomètres, se remet à monter pour atteindre Le Passo Di Palade. Dans l’ascension, Hubert sort ce qu'il croit être ses braquets des bons jours pour obliger Bernard à se donner à fond. Exigence de revers ou humour de circonstance, l’intrépide se disant fair-play, abandonne la lutte pour se laisser glisser à l’arrière et finir avec Gérard !! 

 

      Au sommet du col, le gardien du refuge-restaurant nous sert un copieux repas. Bernard, heureux de sa victoire arrose de plusieurs chopes de bière les pois rouges qu'il vient de grappiller pour la reconquête de son maillot de meilleur grimpeur. Dans la descente, il suit Pierrot la tête dans le guidon. Excités à l’idée de nous jouer un mauvais tour en nous distançant, ils manquent l’embranchement de la route qui conduit à la Passe de la Mandola, le second col de la journée. Là, pour le coup, et pour une question de navigation, les plus rapides ne seront pas les premiers au sommet! 

 

 

 

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      Bolzano : la signalisation nous pose un problème. Nous ne trouvons pas le panneau qui doit nous indiquer Suisi. Enfin la route est trouvée. Route sur laquelle se produira un incident, certes sans gravité, mais qui m’oblige à vous apporter une précision!

 

 

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                                Comment, ainsi ficelés,  ne pas perdre......ses bagages!!......

 

      En fait, depuis le départ, seulement quatre d’entre nous voyageons en totale autonomie, ce qui n’est pas le cas de Gérard et Hubert qui se partagent une toile de tente. Sans doute mal ficelés sur son porte-bagages arrière, le passage de son vélo dans un nid de poule, et voilà que Gérard en a perdu les piquets sur la chaussée. Un camion arrive, branle bas pour un signalement d’urgence. Il est à quelques centaines de mètres. Il va, à n’en pas douter, écraser le matériel qui fera de nos camarades des Sans-logis pour le restant des nuits à passer d’ici à Trieste.

       Le chauffeur, ayant évalué la situation et sans doute apprécié le coté comique de notre agitation, est venu, par jeu, immobiliser les roues de son camion à moins d’un mètre du matériel de charpente de la guitoune. L’essentiel vient d’être sauvé. Échange amical avec le conducteur du véhicule qui, visiblement, s’est amusé à nous faire peur. Ouf de soulagement, pour ne pas avoir à accueillir des naufragés sous notre habitat dès le soir venu ! 

 

 

 

 

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           Le chargement de nos vélos rend dubitatif cet Italien quant à notre capapicité à pouvoir,                                           ainsi lestés,.......franchir les Dolomites!

 

 

       La fin d’étape est difficile, les sept derniers kilomètres accusent une forte pente et un soleil de plomb annonce un orage qui ne saurait tarder. Alors que les Bernard, Pierrot et les autres sont à la recherche d'un camping, Georges et moi avons repéré un panneau annonçant ''''pensioné di famiglia"" Le ciel ne laissant rien présager de bon pour la nuit, un toit et le confort d’un vrai lit ont eu raison de notre faiblesse à ne pas vouloir subir les caprices du temps.

       Demain sera un autre jour, notre carnet de route , nous l’imaginons, saura nous entraîner sur de nouveaux terrains d’aventures dont les histoires nourrirons les lignes du prochain épisodes.

 

 

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commentaires

J
<br /> Bonsoir marcel. Une fois de plus votre récit m'a emmenée sur ces belles routes, cols, montées et descentes. J'en ai le vertige de voir ces paysages. Vous avez passé des jours extraordinaires tous<br /> ensembles, quelle organisation et quelle entente. Merci encore Marcel de nous les faire partager, vos écrits sont formidables, la suite est attendue avec impatience.<br /> Amitié jackie<br /> <br /> <br />
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