Randonnée au départ de Beaumes de Venise
Un peu d'historique:
L’origine du nom de ce village vauclusien (2400 Âmes à l’année pour 4500 en saison touristique) n’a rien à voir avec la célèbre citée italienne. Plus modestement, Beaumes, anciennement balmes, fait référence aux grottes dans lesquelles ont vécu ses habitants durant des siècles et Venise, rattachement plus récent quant à lui à son appellation, rappelle son annexion au Comtat Venaissin (Vénesse). Ses habitants sont des Balméens.
Situé au pied des Dentelles de Montmirail, bien abritées du Mistral, ses terres sont essentiellement plantées de vignes produisant un raisin muscat dont il est fait un vin liquoreux réputé. C’est aux alentours de 600 Av J-C que les grecs ont implanté cette culture répartie sur des domaines dont l’entretien se pérennise depuis près de trois millénaires. Des oliviers multi-centenaires, leur positionnement à flan de colline les ayant, pour la plupart, protégés du gel ravageur de 1956, viennent peupler les terrains moins propices à la viticulture.
Les Dentelles de Montmirail
Les ligures: Le peuple des statues-menhirs.
Ligures, signifie haut perché en raison de leur habitat creusé dans la roche calcaire et principalement situé au sommet des collines ou, selon leur emplacement, dans un conglomérat de sable jaune mollassique de type helvétien.
Il s’agit d’un peuple dont les traces sur le territoire provençal remonte à la fin du néolithique, soit 2700 Av J-C, c’est à dire avant les Grecs, les Celtes et les Romains. Ils seraient les descendants des tribus Chasséennes et auraient pénétrés notre territoire à partir des côtes atlantiques.
Ils pratiquaient l’élevage et une forme de culture. Ils étaient sédentaires. Il reste sur la commune des traces de leur existence, dont des sarcophages.
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La randonnée:
Il s’agit du groupe des Galéjaïres* de Barbentane, conduit ce 15 janvier 2012 par Michel-le-Parisien. Celui qui lit les cartes à l’envers et qui a failli nous perdre un lendemain de jour de l’an dans la colline de Saint-Michel de Frigolet lors de la randonnée des moulins. A sa décharge, il est vrai que cela ne s’est plus répété…encore que….Il lui arrive de nous faire bartasser ( lire pour ce mot barbare : marcher sur un terrain de découverte ) dont, par définition, nul ne sait où il conduit….. Je rappelle que c’était le lendemain d’un jour ‘’d’arrosage copieux’’, ce qui lui valu notre indulgence….en échange de… deux bouteilles de punch qu'il nous amena à la rando suivante. Ceci dit le Michel, "joueur" de cartes s’il en est un, pour faire sérieux, laisse dépasser de la poche de sa tenue de campagne, bien à la vue de sa troupe, une carte au 25 millième, mais…. ce n’est pas forcement celle de la rando du jour. J’en ai eu la preuve il y a quelque temps de cela. En effet, le bord de couverture laissait apparaître des Bories alors que nous étions........ en Camargue.
-Sois gentil me dit il, ne dit rien, Je sais que pour certaines de nos ouailles voir la carte les rassure, il n’est pas nécessaire de les angoisser à l’idée que ce n’est pas la bonne. Personne n’y verra rien et la rando je la connais sur le bout des godasses. Ce qui s’avéra juste…ce jour là.
Notre Dame d'Aubune
La première étape nous conduit à la Chapelle de Notre Dame d’Aubune datant du XIIe siècle. Elle fut construite en l’honneur de Charlemagne pour une victoire contre les Sarrasins. Un sentier, comme je les aime, monte en lacets au milieu d’une garrigue peuplée de cistes, de romarins et de genets épineux, généreusement fleuris pour la saison. Le plateau, naturellement arboré de chênes-verts et de pins méditerranéens, recèle des fouilles et des ruines de monuments anciens. Le manque de précision quant à leur localisation nous fait les ignorer alors que d'après la carte, nous savons les longer.
À même le falaise, emplacement montrant l'extraction d'une meule.
Une curiosité, déjà connue pour certains d’entre nous, justifie une halte photos. Il s’agit d’une falaise ayant servie, voici plusieurs siècles, de carrière pour l’extraction de meules pour moulins à blé et à huile. Par commodité, mais également en fonction de la grandeur de la pièce à extraire, le maître d’œuvre pouvait choisir de travailler sur sa partie verticale, ou à l’horizontale selon la nature et la composition de la roche.
Meule laissée sur place, à cause de.....
À présent, la chaîne des dentelles de Montmirail, terrain d’excellence pour les grimpeurs, se dresse devant nous, faisant barrage aux regards qui voudraient survoler la plaine du Rhône dont on aperçoit la brume qui surnage au dessus de son lit.
Le paysage environnant est riche de ses massifs. Le Luberon, les Monts de Vaucluse en sont des représentants fournis en chemins de randonnées forts agréables à arpenter. Le Mont-Ventoux, notre géant de Provence qui s’élève de 1912 mètres au dessus de la plaine de Carpentras(1910 ou 1908) sur certains relevés géodésiques, fait office de vigie bienveillante sur les 3567 kilomètres carrés que comptent le Vaucluse, l’un des plus petits départements de France.
La halte repas est choisie avec discernement. La recherche d’un coin à la calle ( lire à l’abri du vent ) demande à aller au delà de l’heure prévue pour la restauration. Il fait bougrement frisquet ce 15 janvier. Toutes les précautions sont donc bonnes à prendre et c’est en prévision des risques de refroidissement que plusieurs bouteilles d’antigel font irruption des sacs dés le cul posé sur des souches qui nous serviront de siège .
Le chemin se fait plus large. Il est là pour desservir les propriétés viticoles, permettant ainsi le passage des tracteurs et autres machines outils indispensables pour une culture moderne.
Sur sa gauche, des cavités indiquent la présence d’anciennes mines artisanales de gypse et d’ocre. Le gypse, minerai de couleur blanchâtre sert à la fabrication du ciment et du plâtre. Il est également intégré à certains engrais en vue d’assolements spécifiques.
Si ces points d’extraction sont aujourd’hui abandonnés faute de rentabilité, la commune de Mazan, petite localité voisine, compte sur son territoire l’un des plus grands gisements de gypse au monde et le plus important d’Europe pour ce qui est de son traitement à ciel ouvert.
Entrée d'une ancienne mine de gypse Qui a dit bizarre !
Bizarre, une succession de rochers empilés se pose en sentinelle pour nous indiquer que nous sommes sur le circuit. Aujourd’hui, le Parisien tient bon la route !!!!
Les Dentelles de Montmirail, des secteurs équipés pour la varappe qui, il y a peu de temps je pratiquais encore, sont à portée de mes mains. Que de souvenirs je garde de mes cordées sur ses falaises.
La Grève de Cent Ans, Le Dièdre, La Cheminée de Tobey, La Dulférineuse, La Dalle en Pente, La fastoche, La Niquedouille, La Garce sont autant de noms de voies dont la consonnance se veut originale et qui tintent à mes oreilles comme le font les mousquetons s’entrechoquant sur le baudrier à l’amorce un pas. Je rêve de pouvoir, en second de cordée maintenant, me confronter à nouveau à cet exercice qui m’a donné tant de satisfaction et de plaisir. Les soins dont je bénéficie devraient réduire le handicap que me provoque une capsulite rétractile sur l’articulation de mon épaule gauche et comme par hasard je suis gaucher……
Site du grand Montmirail
Fini mes jérémiades, je reprends pour vous la randonnée qui traverse des champs de vignes à perte de vue. Chacune des parcelles, ou presque, possède son cabanon dont certains ont déjà fait l’objet d’un sujet sur mes toiles. En mauvais état pour la plupart, il faut espérer pour eux une restauration imminente au risque de voir s’effondrer ce qui reste un patrimoine. Ils sont les vestiges d’un passé où, surpris par son travail, la nuit ou le mauvais temps, le laboureur d’autrefois, trop éloigné de sa maison pour rentrer, dormait là dans la paille avec son cheval dans l’attente du jour nouveau.
Certaines de ces constructions, de petites fermes, sont victimes de l’abandon de leurs locataires, qui aujourd’hui habitent le cœur des villages par commodité. Certains, pour répondre à une mode qui les différencierait du monde des paysans d'autrfois dont ils auraient honte !
La viticulture reste une activité à part des autres métiers de la terre.
Note * : Galéjaïres : En langue provençale, personnes pratiquant la plaisanterie.