Au départ de Cabrières d’Aigues
A 1125 mètres, le Mourre Négre est le point culminant du Grand Luberon. N’ayant pas pour ambition de le grimper en ce jour d’octobre, c’est au départ de Cabrières d’Aigues que se fit le départ. Pour cette randonnée, notre ambition s'arretera à seulement vouloir lui chatouiller le pied!
Pour note : Le départ le plus court pour atteindre le sommet du Mourre Nègre démarre d’Auribeau..
Cabrières d’Aigues : Est un ancien village Vaudois situé à une cinquantaine de kilomètres d’Avignon. Suite à des persécutions, à partir de 1399, il vit arriver une population migratoire en provenance d’Italie et plus précisément du Piémont. Devenus indésirables à propos d’un conflit religieux, ils peuplèrent une partie de la Provence située dans le Luberon pour ce qui concerne le Vaucluse. Il s’agissait d’hommes et de femmes, opposants à la doctrine catholique, dont ils jugeaient les membres de sa hiérarchie corrompus et infidèles à leur mission. Ils se rapprocheront dans un second temps de celle de Calvin. Grand nombre de ces populations embrassera plus tard une variante du protestantisme.
Il s’agissait essentiellement de paysans, de solides travailleurs réputés comme étant intègres et d’une grande pureté de mœurs. Ils contribuèrent à rendre prospères des terres jusqu’alors incultes, au point d’attirer la convoitise de religieux âpres aux gains. C’est ainsi qu’à partir 1530, ils subirent les pires persécutions sous prétexte d’être des hérétiques.
Persécutions qui dans un premier temps furent ordonnées par le dominicain Jean de Roma, qui dressa contre eux une troupe de brigands, avec pour mission de les chasser du territoire sur lequel ils vivaient. Ensuite l’an 1545 vit s’organiser un massacre sans précédent conduit par Paulin de la Garde et Joseph d'Agoult, au cours duquel en cinq jours, plus de 3000 Vaudois furent massacrés et près de 700 prisonniers envoyés aux galères pour la seule région du Luberon. Les rescapés moururent pour grande partie à cause de la famine causée par la destruction des récoltes qui furent brulées par les pillards.
Mon propos n’étant pas de vous raconter toute l’histoire des Vaudois en Vaucluse, mais de vous narrer en quelques lignes une nouvelle aventure de l’association des Esclots, je vous renvoie, si vous le voulez bien à une lecture édifiante sur le sujet.*
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Cabrières d'Aigues compte de nombreuses fontaines, Aigues faisant référence à l’eau, rien d’étonnant d’en trouver sur les places et aux coins des rues.
De part son passé ancien, des traces remontant aux Romains ont été trouvées dans les décombres de ce qui fut jadis un château. L’une des pièces montrant le négoce du vin est significative du commerce fluvial qui se pratiquait sur le Rhône, mais également sur la Durance qui longe tout près d’ici le massif du Luberon.
La sortie du village se fait par un large chemin qui petit à petit nous fait prendre de l’altitude. Rien n’est ici comparable à la haute montagne, mais il faut tout de même en avaler sa dénivelée. Bien à l’écart de tout lieu d’habitation, une cheminée et les ruines d’un petit bâtiment témoignent d’un ancien four à chaux. Des aboiements se rapprochant nous inqiquent l'activité d'une battue aux sangliers.
En cette saison, la cohabitation randonneurs-chasseurs n’est pas toujours évidente malgré les efforts sur la pédagogie du partage qui est conduite depuis quelques années par les responsables des comités régionaux concernés. Je me dois de souligner que grâce à cette démarche, le climat s’est grandement apaisé. L’époque où nous étions face à des comportements humains agressifs et à des panneaux aux informations menaçantes est depuis à classer au rang de quelques mauvais souvenirs.
De notre perchoir, près de la bergerie où s’ouvrent les sacs du pique nique, nous apercevons la vallée et ses belles propriétés viticoles dont le feuillage colore la nature de tons allant du vert-jaune au rouge feu.
Je me plais à penser qu’il s’agit là de la pérennisation du travail de ces valeureux Vaudois dont je suis pris de compassion, sachant ce qu’ils ont subit de l’hypocrisie d’hommes censés devoir prêcher le respect de la vie et du bien d’autrui.(Dixième commandement de Dieu)
La randonnée n’est pas difficile, elle est mise au profit de sujets culturels puisque nous sommes, vous l’aurez compris, au centre d’une région dont l’histoire me tient à cœur.
Vaugines:Entre les deux platanes de gauche....Le banc
Pour le retour vers chez nous, et pour une évocation cinématographique, il est décidé de s’arrêter à Vaugines pour aller s’asseoir sur le banc où Montand et Auteuil tournèrent en 2007 des scènes de Jean de Florette. Depuis le village a bénéficié de nombreuses restaurations dont celle d’un vieux cimetière protestant qui était jusqu’alors recouvert d’une végétation sauvage. L’ensemble, composé de l’ancienne église et de ses environs méritent le détour.
Vaugines: La vieille église
Randonnée d’évasion. Randonnée de réflexion pour certains. Randonnée plaisir pour tous.
Aux Esclots chacun reste libre de donner à sa randonnée le sens qui lui convient.
Interrogation?
* L’épopée Vaudoise en 3 volumes de Hubert Leconte aux éditions Millepertuis