Anniversaire.
Suite et fin de mes 75 ans en balade à vélo dans la Drôme.
Troisième et dernière étape : Serres / Saint Auban sur Ouvéze.
Résumé :
Accompagné de Bernard, d’Hubert et de Patrick, que je cite là selon la règle de l’ordre alphabétique pour pas qu'il soit dit que je fais du favoritisme à l'adresse de l'un d'entre eux ! Me voila parti depuis deux jours de Saint-Auban sur Ouvéze pour effectuer un circuit concocté par Hubert.
Je roule sur mon vélo estanpillé '' Bouquet '', un artisan du deux roues sans moteur de la région d'Orgon. Il est refait d’un rouge éclatant. Il est équipé de nouvelles sacoches et d’un éclairage L.E.D, dont je ne dis pas le plus grand bien. Je lui fait le reproche d’être moins efficace que le rendu de la dynamo dont est dotée ma randonneuse de chez Valéro !
***C’est du déjà dit dans l'un des récits précédents, mais la redite n’est elle pas le propre du résumé !.
Deux jours à traverser une Drôme sauvage, dont Hubert est allé au sein de ses entrailles y dénicher un superbe itinéraire. Il y a dégoté le style de chemins, qui au-delà des panoramas superbes qu’ils m’on fait découvrir, ont signé en mon être, en guise de bonus, des souvenirs musculaires qui me sont restés tenaces !
Mes camarades, eux, n'en ont pas gardé de reliquat douloureux, au point de ne plus se rappeler combien les cols étaient raides tellement ils étaient à l’aise dans leur ascension. Moi qui m'en souviens, je peux les énumérer. J’ai donc déjà dans les pattes les sommets de Peyruergues, de Soubeyrand, de Prémol et pour en finir de notre première étape, une montée de deux kilomètres à 10%, dont personnellement j’ai trouvé son système métrique à rallonge...... tellement elle me fut difficile. Il s’agissait en l’occurrence de rallier le gîte qu’Hubert avait retenu pour le groupe, et dont l’arrivée se trouve perchée au dessus du Saut de la Drôme.
Hubert dans ses préparatifs au départ du gîte.
Partie du chaos du saut de la Drôme.
La deuxième étape nous fit traverser de beaux sites comme les gorges des Gats. Il y eut la montée du col de Grimone, point culminant de notre séjour avec ses 1318 mètres. Je me dois de rappeler que ce jour là, également, en garantie d’une douce digestion, il nous fut proposé de faire un aller-retour vers le vallon de la Jarjatte. Une promenade de santé aux dires de la restauratrice..... que naïvement je crus sur parole.
Dans les gorges des Gats.
Auparavant, en début de matinée, il y eut la séquence du col de Miscon dont les souvenirs me restent présents. A la fois pour son penchant à vouloir m’épuiser, tellement sa pente est violente, et pour son appellation à la consonance particulière dont l’évocation remet en images quelques souvenirs lointains.... mais dont vous ne saurez rien !.
Après le repas de midi, après La Jarjatte, après Luc en Dios, une dénivelée favorable et un vent arrière nous amènent à rouler à 35 km/h et plus. Dopé par ces deux conditions réunies, je crus l’espace de quelques temps avoir renoué avec le passé de quelques retours de brevets. Où, bien calé au sein d’un peloton de rouleurs rompus à des allures de coureurs, je rentrais sur Grenoble, Luchon ou Le Puy en Velay à une vitesse qui décoiffait les chevelus ou à ne plus pouvoir garder une casquette sur la tête de ceux voulant cacher leur calvitie !.
Cette route des Alpes, aujourd’hui fort pratiquée par une circulation automobile dense, représente un danger évident pour le groupe. C’est au niveau d’Aspremont qu’une opportunité s’offre alors à nous pour rejoindre Serres par une départementale. Tranquille le circuit, mais le franchissement des raidillons précédents la Clue de Sigottier me ramènent subitement à la réalité des moyens restant à ma disposition.
-Adieu les souvenirs d’antan fraîchement évoqués et revenus en mémoire,
-Adieu les jambes qui tournaient dans la semoule,
-Adieu à ce temps, mais quel bonheur malgré les courbatures.
En effet, je suis entouré de compagnons prévenants et le site traversé se trouve magnifié par un soleil rougissant les montagnes. En ces instants, je suis lucide et conscient du cadeau que la vie me fait.
Pouvoir ainsi profiter de cette passion qu’est le voyage à vélo en est un que j’apprécie tout particulièrement.
La jouissance d’un loisir, rester bénéficiaire de moyens physiques qui me permettent la liberté d’un tel choix malgré le temps passé, viennent en sublimer tout un complément de reconnaissances que j’adresse à la vie, à la chance, à la génétique, à l’amitié qu’il m’est permis de partager, à…...
Bien que douloureuse pour ma carcasse vieillissante, Serres apparaît alors comme la halte salvatrice.
Serres, escapade dans le 05 en vue d’y faire étape chez Fifi Moulin et rendre visite à Mimi et à Michel, amis sportifs de longue date et nouveaux résidents dans la région.
Après être venus nous prendre à l’hôtel et avant de s’assoir à la table du restaurant du village de La Roche des Arnauds, Mimi et Michel nous ont invité, le verre à la main à faire la visite de leur maison écolo’ dont ils sont particulièrement fiers. A juste titre aux vues des aspects techniques de la construction et de ses qualités en matière d’économie d’énergie.
La maison de Mimi et de Michel.
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Dimanche 22 septembre 2013
Serres
Avant de reprendre la route, une visite pédestre de Serres le Haut me rappelle à un reliquat d’acide lactique au niveau des jambes que le repos de la nuit n’a pas réussi à déssaturer. Miscon me revient alors en mémoire !
Bernard et Patrick dans la contemplation !
La balade est riche d’enseignements. Des panneaux signalent un passé remontant à des temps très anciens. L’on y apprend que les Ligures ont vécu dans les montagnes environnants Serres.
Beaucoup plus transparent pour ce qui en est des vestiges, la ville garde de nombreux bâtiments datant du XIV siècle.
Serres. Rues de la vieille ville.
Peinture d'une rue du ''vieux Serres''
Suite à l’installation des Papes à Avignon, Serres devient l’une des étapes pour le clergé et les pèlerins voyageant vers l’Italie. Par la route empruntant la vallée de l’Aygues, elle permet la liaison avec les villes du nord de la citée romaine.
Porte ancienne dans la vieille ville de Serres
Sa situation géographique en fait un lieu de ravitaillement, de consommation et d’échanges commerciaux en tout genre. Serres devient la ville la plus peuplée de toute la vallée du Buech.
La mise en route de cette dernière étape peut se faire dans des conditions idéales. Ce matin le soleil de septembre est vaillant comme il convient pour faire de la randonnée. Cette chaleur n’a cependant rien de torride comme celle rencontrée parfois dans cette région les mois de juillet et d’aout.
Par la D 50 nous descendons en direction de Laragne. Peu après le départ de Serres, le barrage de St Sauveur retient l’eau du Buech sur une distance impressionnante. Plusieurs kilomètres à vue de nez !.
Vue sur le lac de St Sauveur.
Ce barrage est le point de départ d’un réseau de canaux et de conduites souterraines destinés à l’usine de production de courant électrique de Lazer. Les eaux retrouvent ensuite le Buech un peu en amont de la clue de Sisteron.
(précisions empruntées à Hubert.)
Deux jeunes garçons montés sur des V.T.T semblent vouloir nous tester quant à notre capacité à pouvoir les suivre. Ils nous dépassent, puis se laissent rattraper pour mieux repartir de l’avant. Leur jeu donnait le sentiment de vouloir nous amener à les questionner sur leur destination ! Ou voulaient ils connaitre les raisons de notre passage en ces lieux ?.
J’ai pu échanger quelques mots avec l’un des deux adolescents qui me dit aller, avec son camarade, passer la journée chez sa grand-mère qui habite plus loin.
Après les arrêts photos du lac et s’être dévêtus de nos vestes à présent inutiles, nous retrouvons les jeunes gens appuyés sur la clôture d’une petite maison de campagne. Visiblement ils nous attendaient et je perçus leur salut de la main comme une marque de sympathie à notre égard. Marque d'envie de pouvoir, peut être, dans les jours prochains, dans les années à venir, partir sur leur vélo avec pour ambition de découvrir le monde !
La région est essentiellement arboricole. Majoritairement, des pommiers en couvrent sa superficie. En complément, des espaces de cultures fourragères laissent, eux, penser à de l’élevage. L’absence de bestiaux dans les pacages s’explique sans doute, par leur montée en estive de laquelle il ne sont pas encore descendus.
La route est agréable et peu fréquentée par les voitures. Un petit vent arrière facilite notre progression vers ce qui sera ce soir la fin du voyage. Cette dernière étape s’annonce bien moins difficile que celles des jours précédents.
Le hameau du Plan signe le début des gorges de la Méouge. La montée reste douce. Je suis devant. Exceptionnellement loin devant. Des paysages magnifiques, la solitude du moment, me donnent l’occasion de m’évader vers des horizons dont il me plait d’en tracer les lignes. Dans ces circonstances je suis un rêveur qui se laisse entrainer vers des idéaux que je dirige à mon gré.
Sans trop d’effort, ma vitesse se stabilise aux alentours des quinze kilomètres à l’heure. La falaise est sur la droite bien que par endroit elle en barre la route. De courts tunnels, dont certains sont des trouées naturelles, en permettent la traversée.
Dans les gorges de la Méouge.
Bernard dans les gorges de la Méouge.
Je suis rattrapé par Bernard et ensemble nous rejoignons Barret sur Méouge où il a été convenu de nous rassembler.
L’itinéraire qui était prévu devait nous faire passer par le col du Perty. Une requête de Bernard nous le fera éviter. Son idée est de vouloir découvrir un tracé passant par le col d’Araud dont Hubert lui a parlé.
Le modification de l’itinéraire initial intervient à Serre des Ormes où nous sommes invités à quitter le lit de la Méouge pour changer de vallée. Le Travers de Serre, un petit ruisseau, suit en contrebas la route que nous emprunterons alors jusqu’au col D’Araud.
La chaussée est un brin plus large qu’une sente. Il s’agit là de l’une de ces petites routes de montagne semblant avoir été établies en suivant la course d’un troupeau de chèvres se frayant un passage à travers la végétation !.
Mon propos ne se veut en rien critique, ni moqueur. Au contraire. Les paysages qu’elle nous fait traverser sont dignes d’un label faisant référence au naturel, à la sauvagine, à l’authentique, à tout ce qui rend intéressant une route pour cyclos. Vous l’aurez compris, touristique, agréable, tranquille sont des adjectifs qui la qualifient à sa juste appréciation, mais alors pour les coups de culs, pardon !.
Je suis sur mon plus petit développement, soit 22 à l’avant et 28 à l’arrière. Tout en roulant, je crois entendre des ricanements remontant de souvenirs lointains et concernant mon équipement en braquets.
Il ne s’agissait pas, évidement, d’un vrai cyclo-campeur ou autre cyclo-montagnard. Pas plus que j'étais moi même randonneur à cette époque d’ailleurs. Eux savent que ces braquets sont nécessaires pour arriver à bout de certaines difficultés. Je pense là et précisément à l’un de mes anciens camarades coureurs qui en voyant un jour mon vélo nouvellement équipé d’un tri-plateaux, s’exclama :
_Ton truc là, c’est pour grimper aux arbres ?
C’était au tout début de ma ’’mutation‘’ vers ma pratique du vélo loisir. Celle qui m’a fait voyager. Celle qui m’a fait aimer le cyclisme dans sa dimension élargie au partage. A celui de la rencontre, à celui de l’entraide.
Sans tarder, dans le mois qui suivit cette moquerie, entrainé dans un traquenard orchestré par Roger, un ami cyclo de chez les cyclos, et par le vilain petit canard que je fus pour l’occasion, le camarade en question laissa sur le goudron les semelles de ses chaussures dans l’une des pentes du grand Luberon …..faute d’un triple…….
Camarade, si tu me lis !
C’est ainsi que prenant le temps au temps, accompagné pour cette occasion de Patrick et de mes flâneries, que j’escalada le col d’Araud.
Dans le final du col d'Araud, accompagné de Patrick.
La randonneuse d'Hubert.
S’il fut gravi au pas de l’homme, j’en conserva mes semelles grâce à ce matériel, qui encore aujourd’hui prête à sourire aux yeux de certains pratiquants des sorties de kermesses !
Dans la vallée, Lachau, qui n’est pas une capitale, doit être notre point de restauration. Une longue descente nous amène vers les 13 heures devant le seul restaurant du village dont le menu qui nous est proposé est celui d’un panneau indiquant: À vendre !
Le château de Lachau. Lui n'est pas à vendre !
Séderon est à 12 kilomètres. C’est loin pour des gens qui ont faim et le temps d’y arriver le service dans les restaurants sera terminé……..C’est alors qu’une gentille Mémé qui semblait faire sa promenade digestive, nous indique l’ouverture toute récente…..d’une buvette dans la salle des fêtes du village. Elle a dit buvette la Mémé et pas restaurant.
Dans un premier temps et comme l’on aurait du s’y attendre, le modeste établissement qui venait de nous être recommandé ne servait pas de repas. Nos mines désappointées et la faim nous rendant sans doute pitoyables, attira sur nous la compassion de la gérante. Gênée de ne pouvoir satisfaire notre ultime espoir quant à pouvoir nous restaurer, elle nous dit aller voir ce qu’elle pouvait faire pour nous. Le temps de prendre un demi, elle réapparue chargée d’un encas pour chacun....... tiré de son frigo personnel. C’est ainsi que nous fûmes sauvés d’une plongée vers l’abîme de l’hypoglycémie !
Des explications sur l'ouverture de la buvette!
Assis de dos: Bernard. En vert: Patrick.
Ce n’était rien qu’un peu de pain, de saucisson et de fromage
Qui fut pour nous un vrai festin, alors que nous glissions vers un naufrage.
Pardon Georges !
Elle est belle la vie quand il nous est donné de faire de telles rencontres. Je fais là, allusion à la Dame et à Brassens précisément .
Pendant que nous mangions, une troupe de chasseurs arrosaient copieusement à la boisson anisée, le trophée sanguinolent d’un sanglier qui ‘’reposait’’ à l’arrière d’un gros 4x4. À voir la cadence à laquelle ils vidaient leur verre, nous fûmes rassurés pour le gibier qui n’avait plus rien à craindre quand bien même ils repartiraient à la battue !.
Rassasiés et confondus en remerciements, nous étions sur le départ quand Hubert qui, je le voyais scrutait sa carte Michelin, nous proposa un petit crochet culturel. L’approche, précisa t’il pour me rassurer, ne comporte aucune difficulté. Je me rappelais alors celui de la Jarjatte et l’annonce d’un nouveau détour faillit m’en couter un malaise!.
Le chemin conduisant au site roman.
Le ‘’tout plat’’ s’avéra cette fois exact et le chemin nous conduisant sur le lieu de la visite fort agréable. Une église romane du XII siècle dédiée à N.D de Calma se présente majestueuse au milieu d’un ilot de verdure. Sa structure, qui reste de nos jours en parfait état, valait bien le détour. L’histoire nous dit qu’elle est construite sur l’emplacement d’un ancien monastère, lui-même implanté sur des vestiges gallo-romains.
À l'intérieur : Insolite: Le corbillard traditionnel des siècles derniers!
Le col de Mévouillon, qui n’est en fait qu’un long faux plat en ligne droite donnera lieu à mes dernières lamentations. Bien que sachant me mettre à l’abri, un vent de travers m’obligea à puiser en mon être ce qui me restait de fond d’énergie.
Hubert, voisin des lieux par sa maison secondaire, nous fit alors prendre une petite route en trompe-couillons. De celle qui malicieusement vous masque la pente en se tortillant en lacets. J’avoue cependant qu’elle me permit de finir sur une excellente impression quant à ce que cachait Hubert comme attention à mon égard. Le gentilhomme qu'il sait être parfois.... a su, en effet, tenir compte de mon ras-le-casque vis à vis de ce sacré bout droit et dont il fallait me sortir !.
La route à présent nous rapproche de notre lieu de départ où voici trois jours nous y anticipions sur nos étapes à venir. Où je me demandais si je ferai ‘’ la maille’’ au sein de ce groupe de jeunots.
L'escapade fut belle en tout point.
-Merci Hubert, toi qui en as sélectionné le parcours et les étapes.
-Merci de m’avoir invité à le découvrir, et d’avoir su prendre au degré qu’il convenait certaines de mes manifestations comico-grincheuses.
-Un grand merci également, ( par ordre alphabétique ) à toi Bernard et à toi Patrick, dont j’ai apprécié la compagnie et le soutien dans les cols où je ‘’ je tirais de l’eau ‘’.
Saint- Auban sur Ouvéze
Pour les photos: Hubert.
* Pour le confort de ses chambres, pour son copieux petit déjeuner, l’hôtel chez Fifi Moulin à Serres est à recommander.